Le cirque n’est pas toujours le monde magique ou enchanté, il a aussi son lot de tricheries, de coups bas et de déchirements familiaux. Parmi les chicanes les plus célèbres celle
qui opposa dans les années 30 les Fratellini est restée dans de nombreuses mémoires. Entre les deux guerres mondiales, après avoir été ovationnée à Médrano (voir blog07/04/2011) et au Cirque
d’Hiver (voir blog25/02/2011) la renommée de Paul, François et Albert Fratellini est immense voire mondiale. La presse les couvrait d’éloges et il était de bon ton pour une personnalité non
seulement d’aller les acclamer mais surtout de leur rendre visite dans leur loge qui était une véritable caverne d’Ali Baba.
Gaston Desprez (voir
blog25/03/2012) le directeur à cette époque du Cirque d’Hiver eut l’idée de mettre à profit la renommée de ce trio pour fonder un cirque itinérant nommé bien entendu Cirque Fratellini,
dont il serait le directeur et les trois frères les vedettes et directeurs artistiques. Pour cela un chapiteau de 4 mâts en ligne de 50 m sur 40 fut loué à Périer (voir blog28/11/2011).
Avec ce cirque imposant, le visage des Fratellini peint sur les véhicules ainsi qu’un excellent programme la tournée débuta en mars 1930. Le public répondait présent et il fut nombreux,
tout allait pour le mieux lorsqu’un litige opposant Desprez aux Fratellini vient gâcher la tournée, en effet ces derniers se plaignaient de ne pas recevoir les cachets attendus, et
comme le conflit ne se régla pas le Cirque Fratellini cessa ses activités à la fin de la saison.
Mais voilà qu’un
autre Cirque Fratellini reprenait la route. Les frères Fratellini avaient des neveux : Louis, Gustave et Max qui comme leurs oncles étaient clowns et ainsi ils essayaient de
profiter de leur renom et même de leurs entrées. Déjà en 1927 le cirque Napoléon Rancy (voir blog22/09/2011) en les mettant en vedette avait tenté une première contrecarre ce qui
provoqua chez les spectateurs non averties une fâcheuse confusion. L’astuce était trop grosse et un premier procès opposa les oncles aux neveux. Le tribunal rendit un jugement de
Salomon en dédommageant Paul, François et Albert mais reconnût à Louis, Gustave et Max le droit d’utiliser leur nom. Et ils ne s’en privèrent pas d’où en 1931 ce second Cirque
Fratellini qui prit la route sous l’appellation de Cirque G. Fratellini. Là encore c’est à Périer qu’on loua un chapiteau avec un programme de bonne facture qui continuait d’entretenir
la confusion. Devant cette seconde contrecarre Paul, François et Albert firent valoir leurs droits et l’affaire fut jugée au Tribunal de Montauban qui demanda aux cousins de faire
cesser cette publicité mensongère, ce qui entraîna l’arrêt définitif du Cirque G. Fratellini. En dépit de ce fort contentieux, la famille Fratellini retrouva sa cohésion et Gustave fit
carrière sous différentes enseignes, mais disparut en 1942 à l’âge de 45 ans. Quant aux frères Fratellini ils continuèrent leur brillante carrière, mais le trio d’origine cessa en 1940
avec la mort de Paul.