Le Cirque Lamy 1836-1952
D’abord appelé Cirque Français, le cirque Lamy fut fondé en 1836 par un jeune maquignon breton, Antoine Lamy (conséquence d’une histoire d’amour avec la fille du directeur d’un cirque de passage). Son fils Julien, puis ses petits-fils Jules et Victor prirent la relève et l’établissement devint le Cirque Lamy frères.
Lors de la grande guerre, le cirque qui donnait un spectacle à Maubeuge, fit immédiatement partie des sacrifiés. Les hommes partirent rejoindre leur régiment (Pierre Lamy s’engagea dans la cavalerie dès ses dix huit ans) le reste du personnel et ses lionnes furent évacuées, la réquisition n’épargna pas les chevaux qui faisaient l’orgueil de la maison, ni le chapiteau, ni les écuries et ni les roulottes. La locomobile (le cirque Lamy se déplaçait alors avec une locomotive routière) joua un rôle héroïque au moment de la retraite en obstruant un pont. Quant à la jeune Adrienne, elle se recycla en conductrice de taxi et, en cette qualité elle participa à l’épopée des fameux Taxis de la Marne.
Après les hostilités, le cirque ressuscita et se reconstitua. En 1930, à la mort de Victor, la direction fut assurée par ses enfants Adrienne et Pierre. Ce dernier s’occupait du montage et de la cavalerie, Adrienne de l’administration, bientôt épaulée par son second mari Luigi Zavatta, dit Tonino (le premier époux d’Adrienne, Thomas Footit dit Tommy, était mort en 1927) qui s’occupait de l’entretient du matériel roulant et de la publicité. Il était doué pour concevoir les affiches publicitaires et imaginer des entrées comiques jouées aux côtés de ses frères Michel et Rolf Zavatta.
Fidèle à la tradition et aux origines du cirque Pierre Lamy réservait dans les programmes une place de choix aux exercices équestres: chevaux en liberté, double Jockeys, mini maxi associant un frisson et un poney, ou groupe de poneys en liberté dirigé par Florentine Lamy enfant. Il débourrait et dressait lui même les bêtes dans un petit manège édifié dans le fond de la remise à Montereau (Seine & Marne), aidé par son fils Charly et les enfants d’Adrienne. Sa cavalerie était composée exclusivement de chevaux de race qu’il allait lui même acheter dans les haras, (ses chevaux n’étaient pas comme pour beaucoup de cirques des animaux de réforme rescapés de l’abattoir). Le jour de la représentation, Pierre Lamy avait fière allure, en habit, menant à coup savants de la chambrière sa cavalerie empanachée.
Le cirque Lamy sillonnait surtout la région parisienne et la Normandie et cessa son activité en octobre 1952. C’était un établissement sérieux qui, en marge des grands chapiteaux, donnait régulièrement de bons spectacles de famille qu’un public connaisseur savait apprécier sans être alors fasciné par une publicité tapageuse. La famille Lamy s’était toujours attachée à conserver à son cirque un cachet équestre,. D’ailleurs les Lamy ne jouissaient-ils pas d’une réputation d’écuyers et de dresseurs.
En 1953, Pierre Lamy assura la direction du cirque «ça va Seul», le chapiteau avait été sponsorisé par une marque de cirage. En 1954 il se retrouva afficheur chez Bouglione et en 1955 il conduisit l’autocar du cirque Bostock, dont Titine et Achille Zavatta étaient les gérants, tandis que son épouse Julia y faisait la cuisine. Ce fut sa dernière tournée car il mourut pendant la saison.
Aujourd’hui, ses enfants Serge et Yann Lamy produisent des spectacles de cirque et de music hall à l’attention des mairies et autres comités d’entreprise et perpétuent ainsi le nom de Lamy dans le milieu circassien