Le Cirque Amar
L'aventure du cirque Amar commence avec Ahmed Ben Amar qui crée la ménagerie lozérienne (nom
choisi en hommage à sa femme, originaire de cette région), un établissement présentant des loups, des ours des Pyrénées et des fauves dans les villes du sud de la France. Petit à petit, la
ménagerie s'étoffe et finit par devenir le cirque ménagerie des frères Amar en 1924. Ce sont les fils d'Ahmed, Ahmed junior, Ali, Shérif, et surtout Mustapha, qui entre en piste à l'âge de douze
ans, qui ont pris la relève de leur père.
Entre 1924 et 1926, le cirque Amar se
lance dans une gigantesque tournée qui le mènera d'Afrique du Nord à la Syrie, la Grèce, la Roumanie, la Yougoslavie, avant un retour en Europe Occidentale. C'est dans l'entre deux guerres que ce
cirque connaît son âge d'or. L'établissement compte ainsi jusqu'à 20 éléphants ! Les frères Amar envisagent aussi de racheter le cirque d'hiver à Paris, mais la famille Bouglione se montre plus
rapide. Le cirque Amar se rabattra sur l'ancien théâtre de l'Empire, avenue de Wagram, où il présentera un spectacle en fixe. C'est enfin le seul cirque au monde à avoir son siège social sur la
plus prestigieuse avenue du monde : 120 avenue des Champs Elysées à Paris !
Pendant la seconde guerre mondiale, les quatre frères se séparent et proposent quatre
spectacles différents. Cette formule est mise en place afin de limiter les déplacements, naturellement difficiles en cette période de troubles. Une fois le conflit terminé, la famille se
retrouve, à l'exception de Shérif qui monte le nouveau cirque de Paris.
Le cirque Amar voyage huit mois par an en France, avant de prendre chaque année ses
quartiers d'hiver en Afrique du Nord où le climat est plus clément. Les convois utilisent d'abord le train avant de préférer la route dans le milieu des années cinquante. Mustapha, promu PDG du
cirque, est un redoutable gestionnaire. Ainsi, lorsque le cirque arrive dans une ville, les convois stationnent aux abords de la cité et n'y pénètrent que vers huit heures du matin. Certes, cela
crée des embouteillages, mais quelle meilleure publicité pour le cirque ? De cette manière, plus personne ne peut ignorer qu'Amar est arrivé !
En 1957, Shérif cesse son cavalier seul et fait son retour sous le
chapiteau familial. C'est aussi cette année là que le cirque engage Achille Zavatta, le célèbre clown qui ne possède pas encore d'établissement à ses couleurs. Mais sa notoriété est telle que le
succès des frères Amar ne se fait pas attendre. Malgré tout, dès l'année suivante, Shérif quitte à nouveau ses frères, incapable de supporter l'autorité de Mustapha. L'aventure se poursuivra donc
jusqu'en 1968, année où Mustapha, seul après le décès de ses frères Ali et Ahmed, décide de quitter la piste et de vendre son cirque à Jean Roche, alors concessionnaire du cirque
Amar.
Au départ, les choses vont pour le mieux. Le cirque vogue sur sa grande popularité en
France, et les spectacles, toujours de haute qualité, font le reste. La trésorerie est florissante. Mais bientôt survient le premier choc pétrolier et la crise économique que l'on connaît. La
situation économique devient plus difficile. Les charges sont toujours en augmentation alors que les spectateurs font de plus en plus attention à leur budget. A cela, il faut ajouter la
concurrence de la télévision qui se démocratise totalement. La venue d'un cirque dans une ville n'est désormais plus un évènement aussi important que dans les années 50 ou
60.
Jean Roche se résigne donc à son tour à se séparer du cirque Amar, qu'il vend à Roger Jacob,
un amoureux du monde de la piste. Mais la passion ne fait pas tout. Les difficultés vont encore en s'accroissant. Il n'y a plus d'argent ni pour acheter de quoi nourrir les bêtes, la presse
commence à parler des difficultés de l'établissement et l'inquiétude gagne les artistes qui ne savent pas s'ils seront payés. Ces derniers décident finalement de quitter Roger Jacob en 1973,
après seulement quelques mois de tournée. S'en est fini du cirque Amar. L'ensemble des convois est purement et simplement abandonné sur la route !
Le 9 octobre 1973, une vente aux enchères de ce qui a pu être sauvé est organisée afin de
désintéresser les créanciers du cirque. Firmin Bouglione rachète le nom commercial et les actifs du cirque Amar. C'est lui qui va sauver ce cirque en le remettant sur la route dès l'année
suivante. Pour ce faire, Firmin utilise des camions provenant de sa famille et un chapiteau appartenant à la famille Prin, autre grand nom de la piste.
Pour relancer le cirque Amar, Firmin Bouglione
fait appel aux stars connues et reconnues des chapiteaux : Achille Zavatta en 1976 (le célèbre clown ne créera son propre cirque que deux ans plus tard), puis Wolfgang Holmaier en 1977. Ce
célèbre dompteur de fauves qui évolue au milieu de 20 fauves, qui prendra plus tard la direction du cirque Jean Richard, est de retour des USA où il a travaillé sous le chapiteau du Ringling Bros
& Barnum & Bailey Circus. Pour son arrivée chez Amar, tous les convois sont repeints dans une livrée qui rappelle volontairement le drapeau américain : bleu, blanc, rouge, bardés de
nombreuses étoiles…
En 1982, Firmin
Bouglione part pour la Belgique exploiter un autre chapiteau avec son fils Alexandre. Ce cirque est d'ailleurs actuellement toujours sur la route. Du coup, le cirque Amar ne reprend pas la route.
Mais Firmin reste propriétaire du nom, et il va le louer à d'autres familles circassiennes.
A partir de 1982, Firmin Bouglione
cesse d'exploiter personnellement le cirque Amar et met l'enseigne en location. Ce sera d'abord James Carrington qui l'utilisera. En 1985, ce dernier décide de laisser tomber l'exploitation de
l'enseigne "Jean Richard" qu'il louait à Gilbert Edelstein, nouveau propriétaire des cirques Pinder et Jean Richard qu'il a rachetés en 1982, pour prendre celle d'Amar qu'il va louer à Firmin
Bouglione. Il s'en suit une terrible guerre entre les cirques Amar et Pinder, mais elle sera de courte durée, James Carrington devant cesser son activité, et même quitter la France, suite à un
contrôle fiscal qui démontre l'existence de fraudes au sein de l'établissement.
En 1985, c'est Jean-Edouard Bonnel qui reprend le
nom d'Amar, après avoir, lui aussi, exploité son cirque sous le nom de Jean Richard. La même colère et la même guerre reprenne donc entre Pinder et Amar, Gilbert Edelstein se sentant d'autant
plus trahi que M. Bonnel est un compagnon de route de longue date. Du coup, M. Edelstein relance son propre cirque Jean Richard, parallèlement au chapiteau Pinder, qui va visiter les villes
prévues par la tournée d'Amar 15 jours avant son concurrent !
Jean-Edouard Bonnel cesse d'exploiter le cirque
Amar en 1988. Il faudra alors attendre trois ans avant de retrouver un cirque à ce nom sur nos routes. C'est cette fois Désiré Rech qui loue le nom à Firmin Bouglione. Cette famille avait déjà
participé, en 1976, au relancement du cirque Amar par Firmin. Elle va louer le nom d'Amar jusqu'en 1997, année à partir de laquelle Désiré Rech poursuit son aventure sous le nom de cirque
Kino's.
La famille Rech ayant cessé de louer l'enseigne Amar, c'est au tour de la famille Falck d'en
prendre possession. Cette famille, qui exploitait: le cirque Achille Zavatta fils (ex cirque Christiane Gruss), est maintenant locataire du nom Amar depuis 2007.