Eternel chez Arlette Gruss

Sous l’Arche, nom du chapiteau rouge et blanc offrant une vision totale, Gilbert Gruss et les siens proposent avec une débauche de lumière digne des plus grands shows internationaux un spectacle joyeux, bien mis en piste avec en seconde partie des numéros hors du commun qui feront vibrer les spectateurs venus pour cela .

Comme chaque année, l’orchestre sous la baguette inspirée d’Igor Nita, orne d’un écrin musical une production sublimée par la voix d’Eva Poirieux qui, en plus de donner le ”La”, souligne voire intensifie le numéro qui se déroule en même temps sur la piste. Enfin et c’est aussi ce qui fait le charme de ce programme, chaque artiste est maquillé, costumé avec recherche et chorégraphié pour le plus grand bonheur des yeux des spectateurs.

Comme souvent, le programme débute par la présence des bouffons, des comiques qui cette année portent pour noms, Pieric Furic et Francesco Fratellini et qui, vont tout au long de la soirée apporter avec finesse et bonhommie cet élément indispensable à tout spectacle, le sourire.

Un premier numéro au lustre aérien, permet à Sarah Florees la ballerine céleste, de nous dévoiler toute l’étendue de son art. Lui succèdent un groupe d'ânes sous la houlette de Sarah Houcke (voir16/10/2015) par ailleurs responsable de la ménagerie, ces artistes à quatre pattes nous montrent qu’ils sont capables de copier avec succès leurs cousins équidés. Puis Jonnathan Obando Acero délaissant ses vrombissantes motos, nous présente un spectaculaire numéro de magie avant d’intégrer la Troupe Gruss qui, en fin de première et seconde partie, va présenter un numéro d’acrobaties sur bicyclette puis un autre de barre russe dans une ambiance digne d’un concert de rock-star.

Ensuite on retrouve avec plaisir la jeune Alexis Gruss déguisée en gamine des rues, démontrant encore un peu plus l’étendue de ses talents. Elle présente pour la présente année un numéro canin. Puis on entrevoit son agilité et son sens du spectacle, lorsqu'elle retrouve sa sœur et son frère et bien d’autres, pour former la Troupe Gruss qui conclue comme nous l’avons déjà évoqué plus haut, la fin des deux parties du spectacle.

Après l’entracte, cinq voltigeurs et deux porteurs formant les Flying Almar, nous proposent un numéro de trapèze volant qui enflamme le public avide de sensations fortes. Et comme nous sommes chez Gruss, la présentation obligatoire de la cavalerie est faite avec distinction et sérénité par Laura-Maria et Linda Gruss.

Parmi les numéros que l’on garde en mémoire, on retient celui au mat indien proposé par Sandeep Kale comme celui du Duo Beige aux sangles aériennes, prestation ne manquant pas de mordant. Ces deux numéros sortent un peu de ce que l’on a l’habitude de voir sur une piste.

Enfin on garde pour la bonne bouche le numéro de main à main du Duo DimaA, dans lequel Dmitry Makrushin après une série de portées, rattrape avec une aisance déconcertante les sauts périlleux que Georgii Volkov son voltigeur, effectue en partant debout sur les épaules de son porteur, avec des arrivées sur les épaules et une autre confondante sur les mains. Assurément un numéro exceptionnel.

Un mot sur la Troupe Gruss qui depuis quelques années assurent une partie non négligeable de la production. Ce collectif variable composé des Gruss, des aériens Daria Fraga Leyvales & Liss-Mery Delgado Sanchez auxquels se sont joints six acrobates formant la Compañia Havana, ainsi que des cinq danseuses et danseurs sont, tel le fond  de sauce pour un cuisinier, l’élément qui lie le tout et qui en fait un spectacle de grande classe, alliant tradition et modernité.

La production Eternel, montre qu’un cirque de qualité et avec animaux peut encore exister en France en 2023, et cela malgré la présence militante des animalistes et des communes qui pratiquent de plus en plus une véritable censure sur productions circassiennes. On va même jusqu’à évoquer que certaines municipalités, désireuses de montrer qu’elles ont à cœur la défense du climat, ce qui est en soi une noble tâche, envisagent très sérieusement de faire planter des arbres sur certaines places et non des moindres, qui accueillent habituellement chapiteaux et fêtes foraines…

Affaire à suivre…et spectacle Eternel à voir.