Le Professeur Maladolli, se présentait ainsi, en effet on pouvait lire sur sa carte de visite non pas Dresseur de chevaux, activité dans laquelle il excellait, mais "Fou, vénérien, illettré, irresponsable de ses actes privés, privé de ses droits civiques, mais plein de morpions".
Personnage hors norme, généreux et fantasque, le jeune Albert Raphaël naît 12 juin 1871 avec une cuillère d’argent dans la bouche, son père est un important banquier parisien. Le jeune Albert n’est pas intéressé par la finance mais par le cirque. C’est ainsi qu’il se produit dans les années 1910 sur la piste du "Cirque Darius". Puis il décide de créer son propre cirque qui selon les époques se nommera "Cirque Caucasien" voire "Cocassien"en 1930, Cirque Maladolli" en 1948, "Cirque Fusterino" associé à Marcel Fuster en 1950 enfin "Hippodrome" en 1951 avec la famille Danglade. Outre des lamas savants, des biches dressées et un zébu sacré devant lequel chacun était tenu de se prosterner, on trouvait essentiellement des chevaux dans les Maladoli-circus, qu’il dressait admirablement bien, dans un manège situé en Normandie sur le domaine des Farguettes, sur les hauts de Seine, entre Gaillon et Vernon, à Saint-Pierre la Garenne.
Personnage farfelu et haut en couleurs, béret basque sur la tête, portant constamment une écharpe ou une cravate nouée avec une épingle à linge, Cincinnatus Maladolli par contre est reconnu comme un écuyer de premier plan. On lui doit notamment un traité d’équitation qui a longtemps fait autorité. Individu parfaitement fantaisiste, à tel point qu’on avait fini par le surnommer "Patronfou", ce qui l’amusait follement, lui qui surnommait ses banquiers, ses fournisseurs ou ses agents d’affaire, des Maloventre !
Tout ce que le cirque du milieu du XX° siècle a compté de célébrités est un jour passé chez lui, à Saint-Pierre-la-Garenne : les Gruss, les Carrington et même Zavatta. Tous sont venus, un jour ou l’autre, profiter de ses conseils avisés.
Sec, nerveux, drôle ou hautain, un peu à la façon d'un de Funès, selon sa légende le cher Cincinnati ne fut jamais malade. Ainsi en 1970 à 99 ans il caracolait toujours à cheval, son béret visé sur sa tête. Il mourut la veille de ses 100 ans et se fit enterrer au cimetière du village, où il voulut que l’on dépose sur sa tombe le pied de son cheval favori.
Etonnant Professeur Maladolli qui affirmait à qui voulait l'entendre que l’animal était bien supérieur à l’homme.