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Publié par cirk75

Parmi les sketchs célèbres qui ont dépassé le cadre strict de la piste aux étoiles, nous avons déjà évoqué celui du « Miroir Brisé » (voir blog08/04/2015). « La Ford en folie » en est un autre exemple où apparaissent à côté de Gilles Margaritis (voir blog15/10/2015) selon les années Albert Rémy, Jean Richard (voir blog22/11/2010) voire Pierre Tchernia (09/10/2016). Revenons aujourd’hui sur ce célèbre classique de la comédie clownesque, qui un jour malheureusement eut une fin tragique.

 

C’est avec la complicité du comédien Albert Rémy que Gilles Margaritis présente pour la première fois à Medrano un certain 10 mai 1940 « La Ford en Folie ». Numéro qui sera repris sur la piste montmartroise en 1943 et 1952 et dont l’idée originale n’est pas due à l’imagination débridée de Gilles Margaritis mais à Pimpo un clown anglais. Signalons aussi que le créateur de La Piste Aux Etoiles (voir blog15/12/2014) n’est pas non plus le premier à avoir importer en France cette entrée clownesque, le mérite en revient aux Léonard (voir blog19/09/2013).

La voiture utilisée par Magaritis est une vieille Ford T des années 25, surnommée à l’époque " l’araignée " , car très haute sur pattes. Ce véhicule est modifié par un garagiste d’Aubervilliers nommé Savary, père d’un copain des Beaux-Arts d’Albert Rémy, de telle façon que la voiture puisse rouler sans que personne ne soit assis sur le siège avant. Ainsi, elle s’arrête d’elle-même quand on tire un coup de pistolet dans la calandre. Pour obtenir un tel résultat, une série de relais électrique et de minuteries minutieusement installés en a fait un robot obéissant. Pour cela, deux membranes ultra sensibles sont fixées dans les phares. Et sous l’effet des ondes sonores, elles vibrent, et provoquent un contact électrique, l’une déclenche le démarreur, l’autre coupe le contact. Quelques temps plus tard, une nouvelle amélioration permet à la voiture de démarrer aussi au seul son d’un coup de revolver. Enfin, on a aussi modifié le rayon de braquage, pour bloquer la direction suivant un cercle plus petit afin de tenir compte du diamètre de la piste. Et devant une telle mécanique, l’effet est garanti et les spectateurs bluffés.

Le thème de l’entrée comique qui dure environ un quart d’heure est simple, un vendeur, le comparse de Margaritis informe qu’il a une Ford T facile à conduire à vendre. Elle est si simple à conduire que n’importe quel imbécile peut y arriver en deux coups de pédale ! L’acheteur, en l’espèce Gilles Margaritis sentant la bonne occasion demande à faire un essai, mais il n’est pas encore monté que la voiture se met en marche. Cri d’effroi de la part des artistes la voiture s’arrête. Puis elle ne veut plus redémarrer. Le vendeur propose alors d’appeler un garagiste... le moteur se met immédiatement à ronronner ; puis stoppe tout net. On tourne alors la manivelle, le klaxon se met à beugler. Une petite tape sur le capot, une portière voltige. On ferme une porte une autre s’ouvre. On tape sur le capot une portières saute de ses charnières. On court, la fermer, c’est l’arrière qui s’entrebâille. On grimpe enfin dans la voiture en se chamaillant, les deux compères se disputent le volant, qui leur reste dans les mains. Il ne reste plus qu’à descendre du véhicule, mais comme pour se venger la voiture décide alors de courser les deux comparses. Cette Ford T paraît bien indomptable, un vrai cauchemar, celui que tout automobiliste redoute, voir sa voiture lui échapper et devenir démoniaque.

Par malheur, une fois, la voiture s’est vengée et la fin fut tragique. Margaritis le relate dans ses mémoires, portant comme titre celui de sa célèbre émission, mais laissons-lui la plume. « Une fois c’est la Ford qui s’est vengée. Tragiquement : elle a tué le clown qui se préparait à s’en servir. C’était bien des années après la guerre. Les carrières de Rémy et la mienne nous avaient séparées. Mais il nous arrivait de louer à d’autre ce sketch .... Un jeune comique danois, qui nous avait vus dans notre numéro à Copenhague était venu à Paris l’étudier.... Un matin (le dernier matin il devait embarquer au Havre avec la voiture la nuit suivante...), le petit clown danois poursuivait Abert Remy ; tous deux couraient autour de la Ford qui tournait toute seule en rond. C’était au Danois de passer devant le capot. Il a glissé. Rémy a entendu un bruit mat. Il a tourné la tête son partenaire avait disparu. Il a tout de suite compris. Il s’est rué sur la voiture et l’a arrêtée aussitôt... Le Danois gisait sous l’essieu avant. Il est mort le lendemain. » Margaritis parachève en mentionnant ; « Je n’ai pas redonné « La Ford en Folie » pendant longtemps. Quant Zavatta a voulu la passer à la Piste Aux Etoiles en 1963, j’ai vécu un quart d’heure mal à l’aise. Je crois que j’avais peur tout simplement.

Ce sketch de la voiture en folie devenu aujourd’hui un classique comique a été joué par de nombreux artistes ayant nommé Franco Medini (voir blog13/10/2006), Rhum (voir blog23/03/2011), voire aussi les Bario (voir blog26/01/2011) ou Francky Babusio dans une variante le taxi en folie ; où là ce n’est plus une voiture qui est à vendre mais des passagers à transporter, mais le véhicule est toujours aussi indocile.

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