Parmi les établissements parisiens disparus, le Nouveau Cirque mérite une particulière attention car il fut le cadre d’innovations importantes dont la principale fut l’utilisation d’une piste nautique.
Il convient de rappeler que son fondateur Joseph Oller, qui fut celui du Moulin-Rouge et de L’Olympia, de même que le créateur du Pari-Mutuel, poursuivait un double but en dotant le cirque d’une piste transformable: apporter aux numéros un nouvelle élément d’expression et enrichir la capitale d’un établissement de bains géants. La première enseigne du Nouveau Cirque fut d’ailleurs: "Arènes Nautiques"; lors de la saison d’été, ce cirque devait devenir une plage pour les parisiens, mais l’évolution des mœurs est souvent plus rapide que la réalisation des idées et, lorsque la construction fut terminée, les éventuels baigneurs avaient pris l’habitude d’aller au bord de mer. Le Nouveau Cirque fut donc un cirque et son eau une attraction.
L’établissement s’étant dès son ouverture, placé sous un signe assez mondain: les principaux cercles parisiens y louaient en permanence des loges pour leurs membres et, les plus brillants dandys, monocle à l’œil, aimaient y jouer les "Messieurs de la barrière" ce qui leur permettait de mieux approcher les belles acrobates ou écuyères sans oublier les naïades qui ressuscitaient, à la moderne, les naumachies chères aux Anciens.
Ces pantomimes nautiques (Carnaval de Venise, 10 millions de dot…) furent naturellement des éléments du succès du Nouveau Cirque, mais il ne faut pas oublier que la piste sèche permit d’apprécier les Frediani et leur sensationnelle colonne équestre à trois, les Rainat, maîtres du trapèze volant bâton à bâton, c’est-à-dire sans porteur et aussi quelques uns des meilleurs clowns: Foottit, Chocolat, Antonet, Beby et Médrano (Boum-boum)…
Le Nouveau Cirque était situé à Paris au 251 rue Saint-Honoré sur l’emplacement du premier Cirque Olympique des Franconi et, pouvait accueillir 3 000 spectateurs. Joseph Oller, Raoul Donval, Hippolyte et Jean Houcke, Mathias Beketow et Charles Debray se sont succédé à la direction de cet établissement phare du Paris de la Belle Epoque.