Ernest Molier fonde en
1880 un cirque privé dans l'Hôtel qu'il avait fait élever auprès du Bois de Boulogne, 6 rue Bénouville à Passy. Lors de deux représentations annuelles, qui s'imposent pourtant comme un must de la
saison parisienne, se mêleront sur la piste artistes et aristocrates. Cette participation des héritiers de grandes familles au spectacle fera d'autant plus scandale que le public y est constitué
de lors de la première représentation de femmes du monde, et pour la deuxième représentation de demi-mondaines. Mais c'est surtout la participation active des héritiers de grandes familles au
spectacle qui est âprement discutée.
Les journaux verront dans ces aristocrates, artistes
amateurs, ferraillant, jouant les acrobates et les écuyers, mêlés aux femmes du demi-monde, aux gommeux et gommeuses, aux « filles » et autres « acteuses » de la noce parisienne, un signe de
décadence morale et politique à une époque où les débats sur la dégénérescence de la race battent leur plein. Ainsi se côtoyaient, un baron, un comte, un La Rochefoucault, une Mme Pipelet ou une
Mlle Rivolta dit « Petit Louis ». Molier faisait une place de choix aux exercices équestres et aux belles amazones, telle la troublante Blanche Allarty, élève puis épouse du fondateur de ce
cirque pour aristocrates.