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Retour hier au Phénix, pour voir le spectacle B du 46ème Festival Mondiale du Cirque de Demain, et miracle vendredi soir l’orchestre est cette fois bien plus présent pour accompagner certains artistes (voir blog26/01/2024) et second prodige, les organisateurs ont retrouvé le tableau d’ouverture présenté par cinq artistes ukrainiens constitué d'un mélange de chorégraphie, jonglerie, portées diverses. 

L’Ukraine cette année est mise à l’honneur avec non seulement ce tableau d'entrée, mais aussi lors du programme A avec les trois danseurs jongleurs formant le Trio Inshi. Dans le spectacle B, Anton Manaharov propose des équilibres et des contorsions audacieuses, sur une musique qui semble spécialement composée pour les mettre en valeur. Il s’agit du célèbre Boléro écrit en 1928 par Ravel. Ce beau et poignant numéro mérite qu’on s’y arrête un instant car il recèle de nombreux symboles. Anton Manaharov, artiste ukrainien veut, en portant bottes rouges et bras et mains recouverts de teinture rouge témoigner du conflit qui ensangle son pays depuis plus de 700 jours. Autre image saisissante, lorsque les cannes sur lesquelles il va réaliser ses équilibres sont apportées, ses complices simulent par leurs déhanchements les blessés et les infirmes que le conflit engendre. Tout dans son numéro montre la dureté de la guerre et l’angoisse que ressentent les jeunes combattants, d’autant plus qu’il se dit en coulisse que ce jeune artiste une fois retourné dans son pays, sera comme beaucoup de jeunes de son âge incorporé pour défendre sa patrie.

Mais un tel numéro ne doit pas laisser croire que le spectacle B cultive la tristesse et la morosité voire la grisaille. Non, témoin la virevoltante prestation qui terminent le spectacle B signée par Oliver et Andràs. Ces deux jeunes artistes hongrois remplaçant à la dernière minute la Troupe éthiopienne Nigus qui n’ont pu obtenir leurs visas, nous présentent avec un brin d’humour un numéro à la bascule avec sauts périlleux, simples ou doubles voire même vrillés de grande qualité.

Autre moment phare, et il y en a beaucoup dans ce programme, l’étonnant numéro utilisant un nouvel agrès, une corde verticale, autrement dit une corde ancrée dans le sol qui va permettre à Holland Lohse d’offrir d’audacieuses portées à sa voltigeuse Sienna Martinez.

Autre point d'orgue, Yi Zhong Quian Kun un artiste venant de la Troupe chinoise du Chemin de Fer, nous propose un stupéfiant numéro de diabolo avec un éventail. Cet objet insolite lui permet de faire reposer le diabolo, soit sur le fil relié aux deux baguettes, soit sur l’arrête de l'éventail, le tout soupoudré sauts et autres prouesses aériennes dont ce bondissant chinois a le secret.

Et que dire des trois trapézites du collectif Trickatrap, où la voltigeuse utilise la tête ou le corps de ses porteuses pour réussir des équilibres intrépides, de l'inédit !

N'oublions pas les trois artistes du collectifs Just Passing qui réalisent, avec une facilité déconcertante, en solo, en duo ou en trio, de la jonglerie subtile avec des massues. On n’a pas envie qu’ils s’arrêtent tant leur jeu est fluide et esthétique.

Complète ce riche programme quatre numéros intéressants mais qui ne me semblent pas totalement aboutis. Je veux évoquer la manipulation des boites à cigares de Johan Stockmar, les sauts et bondissements sur slackline de Bruno Toso, de la suspension capillaire des Italiennes de Ricce Metice ainsi que le maniement de la roue Cyr par Marica Mariconi.

En conclusion un très bon programme B qui détonne totalement avec le spectacle A dans lequel surgit cependant le numéro du tadjik Mukhamadi Sharifzoda, qui revisite avec brio les équilibres sur mains à l'aide d'un podium constitué de morceaux de bois empilés qui lui servent de cannes.

Attendons le choix du jury, qui saura j’en suis sûr contenter tout le monde, et regardons comme insiste l'iconnoclaste Calixte, pour celles et ceux qui ne l'ont pas vu le programme A qui n'est pas comme on le sait le meilleur des deux (voir blog26/01/2024) à 20h30 précises, ce soir sur Arte Concert.

Comme disait Beaumarchais, dans le Mariage de Figaro : "Sans liberté de blâmer, il n'est point déloge flatteur."

Tag(s) : #Festivals
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