Le cirque comme tous les spectacles s’est construit au fil du temps en amalgamant traditions et modernité. Dans le monde de la piste il est d’usage de ne parler ni de facétie ni de bouffonnerie, mais d’entrée pour nommer un numéro de clowns. Mais d’où vient cette expression de parler d’entrées clownesques plutôt que de sketchs comiques ?
Adrian (voir blog06/06/2012) dans son livre "Ce rire qui vient du cirque" donne cette explication. "Il se peut que le terme entrée vienne du fait qu’au temps des parades, les amuseurs de cirque donnaient un condensé de leur talent à la porte du chapiteau, à l’entrée. Il est également possible que l’expression soit née de la brièveté des interventions clownesques lorsque le spectacle était surtout équestre. Ce n’était qu’une entrée mais dans ce sens on dit plutôt une reprise."
Dans son livre: "Entrées clownesques" paru en 1962 aux Editions L’Arche, Tristan Rémy (voir blog22/12/2011) en a collectionné une palanquée, et rappelle qu’elles se trouvent inscrites dans l’histoire et la psychologie des gens du voyage. Les artistes circassiens laissaient ainsi échapper leurs préoccupations aux travers des improvisations nées le plus souvent de leur vie personnelle et privée. Ce répertoire clownesque s'est constitué à la longue et a notamment permis de contrebalancer la tension dramatique issue du travail des autres artistes, permettant aux spectateurs de passer par des émotions diverses et variées, ce qui fait entre autres, le charme des arts de la piste.
De nos jours les clowns se font rares. Notre époque il faut le reconnaître ne cultive guère le rire. Les entrées jugées d'un autre temps, ont tendance à passer aux oubliettes. Cette mode peut non seulement suggérer un manque de culture clownesque, mais aussi une disette en créativité comique. Il est vrai comme l’écrivait Molière "que c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens". Et s'il est vrai que bon nombre d'entrées demanderait à être modernisées, il serait urgent d'en créer de nouvelles car notre époque à bien besoin de rire, d'autant plus que le rire est en paraphrasant Rabelais le propre de l'homme.
Les entrées, éléments essentiels de l'art de la piste, ne doivent être confondues avec les histoires, lestes ou non que racontaient certains facétieux de la piste comme Boulicot (voir blog08/01/2012), Loriot (voir blog17/12/2014) ou Mylos. Trois faire-valoir qui ont beaucoup sévi sur la piste du Cirque Medrano en contant de joyeuses blagues et qui font encore la joie des amuseurs.