On dénombre moins de 2 000 roulottes d’époque encore sur leurs roues et, oui ces silhouettes si familières il y a quelques décennies, sont aujourd'hui devenues rarissimes. Cette rareté s’explique notamment par le fait que la plupart des tziganes avaient pour tradition à leur mort de brûler leur roulotte ou caravane. De plus le nazisme et le communisme ont beaucoup également contribué à détruire ce mode de vie. C’est pour cette raison qu’il est si difficile de trouver encore des roulottes d’époque. Enfin leur restauration nécessite un grand nombre d’heures avec un travail méticuleux nécessitant des recherche importantes afin de les faire renaître au plus près de ce qu’elles étaient autrefois.
En pleine campagne à 47 km d'Avignon et à 31 km de Nîmes à St Quentin La Poterie, en Languedoc-Roussillon sur une aire de 4000 m², sont regroupées sur un site nommé "Un Siècle de Roulottes" plusieurs roulottes authentiques datant de 1840 à 1970. Ce musée en plein air permet notamment de découvrir quatorze roulottes installées sur un terrain au bout d'un chemin caillouteux. On yntrouve la plus ancienne, la "Queenie", dont parle Charles Dickens dans "Cabinet de curiosités" en 1840, ou encore, beaucoup plus "jeune", l'Américaine Land Yacht, fabriquée avec des morceaux d'avion en 1970. Toutes ont été restaurées et ont conservé leurs roues d'origine, ce qui permet de les situer puisque c'est à cet endroit qu'elles sont signées.
L'idée de la collection et du musée surgit un peu par hasard. Et après une installation à Uzès, à quelques lieues de Saint-Quentin-La-Poterie, Pierre Le Fur, un ancien psychanalyste parisien devenu défenseur de la culture des tziganes, avec qui il a passé une partie de son enfance et qui ont aidé son père à "s'évader d'Auschwitz découvre dans un dépôt quatre roulottes appartenant au patron du musée des arts forains à Paris, Jean-Paul Favand. Voulant sauver ce patrimoine Pierre Le Fur qui en a acheté une, "la trottinette" met 1 200 heures pour la retaper. Puis il en achète trois autres avant de devenir selon ses dires "un chasseur de roulottes" en parcourant le monde à la recherche de roulottes. Et c’est ainsi qu’avec le temps, sa collection s'enrichit d’une Verdine hippomobile, d’ roulotte allemande, d’une autre dont la légende dit qu'elle a servi à Van Gogh, ou encore une décorée par Christian Lacroix. Et certaines de ces roulottes apparaissent parfois au cinéma dans des films ou à l’occasion de publicité.
Mais depuis août dernier la municipalité a assigné en justice le propriétaire du musée, au motif qu'il est installé sur "une zone naturelle protégée" et qu'il a construit "un bâtiment sans autorisation". Mais Pierre Le Fur y voit d'autres motivations. "Le motif officiel est faux. Il veut tout simplement que je dégage. Il m'a dit: 'Ici, on s'appelle Saint-Quentin-La-Poterie et non la roulotte !'" Pierre Le Fur assure que les travaux ont été réalisés après un accord de la mairie. Yvon Bonzi le Maire de son côté fait savoir : "Il se donne une appellation de musée mais il n'y a eu aucun contrôle sur l'accessibilité, la sécurité". Aux yeux de nombreux tziganes, Pierre Le Fur est devenu un porte-étendard. Du coup, ils le soutiennent : "On est un peuple pacifiste. On va organiser des confrontations culturelles", annonce Esmeralda Romanez, une porte-parole qui envisage aussi des manifestations en cas de condamnation à détruire.
Alors attendons la suite, mais pour les amateurs de roulottes une petite visite s’impose.