Ce fabuleux numéro aérien créé en juin 1949 au cirque d'Amiens (voir blog09/05/2011) par Georges Gommeton et Pierre Bergam, fait partie de la mémoire vivante de la piste. Son initiateur, fils d’un comédien de théâtre ambulant est né le 14 mars 1918 à St Eloi aux Mines et, à dix-sept ans, s'engage dans la marine et, devient maître-nageur à la base aéronavale de Brest où il accumule les titres en plongeon de haut vol. La guerre va le faire passer du théâtre aux armées, au S.T.O. puis à la clandestinité où il rejoint les maquis d'Auvergne et s'engage dans la 1ère Division Blindée du Général Vigier.
Avec de faux papiers, il travaille chez Amar (voir blog05/04/2011) puis il monte un numéro de main à main avec un dénommé Timas. Après-guerre, il participe à l’aventure du théâtre ambulant de Louis Darges, ce qui lui permet de rencontrer sa future femme Lucette Hytte. C’est l’époque aussi où il fait la connaissance des "De Riaz" un groupe aérien qui met au point un numéro utilisant un avion tournant autour d'un axe pendant que les artistes exécutent divers exercices, pendus à des agrès. Cette attraction n'est pas en soi nouvelle, puisque des troupes comme les Nicoletos, les Aeros Stars, Axel Murano et sa Flying Torpedo, ou les 2 Kimris l'avaient déjà proposé.
Georges Gommeton crée sa propre troupe et passionné d'astronomie lui donne le nom d’Antarès, en référence à cette double étoile du Scorpion située dans la constellation du zodiaque mais aussi, et c'est moins connu en souvenir d'un hydravion qu'il avait portant ce nom lorsqu'il officiait la marine....
Le numéro proposé par les 3 Antarès comporte quatre séries de lâchers entrecoupées d'un travail au trapèze exécuté par la pilote qui se trouve dans l'avion.
Les lâchers se font d'abord main à main - planches et dislocations - puis par une perche tenue au porteur, enfin par un petit trapèze où le voltigeur se lâche, par deux puis une seule pointe de pied. Pour permettre au porteur de reprendre les bras du voltigeur, le petit trapèze doit être tenu en mâchoire durant une séquence très périlleuse. Au final, c'est par une ceinture, tenue elle aussi en mâchoire, que le voltigeur tourbillonne en planche puis groupé.
Plusieurs porteurs se sont se succédés, ils ont pour nom: Pierre Bergam, Raymond Gendarme, Tony Lucchini ou Bruno, le fils aîné de Georges Gommeton. Dans le cockpit, on verra de magnifiques et belles aviatrices : Irène, Nicole Gimel, Betty Stom (voir blog28/06/2014), Patricia, fille de Georges et Lucette, ou Maria Garcia. Voltigeur hors-du-commun Georges Gommeton présente jusqu'à 57 ans et plus ce numéro. Et en janvier 1975, lors d'un engagement au Palais des sports de Madrid, il laisse sa place à son fils cadet Gilles. Ainsi s’est formée une seconde génération d’Antarès composée des enfants de Georges et Lucette. Les jeunes Antarès remportent l'Oscar du cirque. Leurs aînés l'avaient préalablement obtenue en 1956 au Festival du Cirque organisé à Paris au Palais des Sports. En décembre 1977, Patricia, Bruno et Gilles participèrent au 4ème Festival International de Monte Carlo où ils remportent un clown d'argent fort mérité.
Malheureusement un certain 20 septembre 1995 alors que les convois de la famille Gommeton rejoignent en Pologne le cirque Merano, Georges le père est heurté mortellement par un conducteur ivre.
Les Antarès juniors ont continué de tracer leur sillage. En 2004, ils sont invités une nouvelle fois à Monte Carlo. Malheureusement, l'aventure tourne court lors de la deuxième soirée de sélection, l'épaule de Bruno se déboîte. Maria Garcia, ayant remplacé Patricia dans le cockpit, fait stopper l'équipage et le blessé est débarqué avec d'infinies précautions.
Mais hélas deux ans plus tard, le 6 février 2006, au cirque d’hiver Bouglione en pleine représentation, tous les circophiles connaissent la fin tragique de Gilles Gommeton. N’ajoutons rien, car il n’y a rien à ajouter, même si en 2016, dix ans après, ce terrible drame est toujours très présent dans le cœur de tout amateur de la piste aux étoiles.
Il nous reste cependant en mémoire de Gilles, la composition musicale qui accompagnait le numéro des inoubliables et magiques Antarès, la musique est signée Achille Zavatta, une autre légende de la piste.
#lesantares