Le comte Jean-Yves de La Cour dit Yves de La Cour n’était pas un enfant de la balle mais un gentleman amateur de concours hippiques et sa venue sur la piste est très originale. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, nous la devons à la guerre contre l’Allemagne… Propriétaire d'un certain nombre de chevaux qu'il montait en concours hippiques, il ne trouva rien de mieux pour éviter leur réquisition par l'armée allemande, que de se convertir au cirque . Et lorsque la paix revint, les voyages, les contrats et les bravos déployèrent un attrait non négligeable et Yves de La Cour devint un des fleurons du cirque international en général et de Medrano en particulier (voir blog07/04/2011).
Yves de La Cour fit les beaux soirs de la piste du boulevard Rochechouart où il présenta de nombreux numéros de haute école, de quadruple tandem ainsi que des présentations de chevaux en liberté. Animateur de l’impeccable et racée "Cavalerie de la Rose d’Argent" ou de la "Patrouille de l'Aube", il proposa des chevaux sauteurs, ou conduisit à l’aide de longue guides son lipizzan Rheingold. Il était aussi à l’aise dans un pur numéro de haute école à l’espagnole ou dans la présentation d’un square danse à cheval, qu’il proposa lors du spectacle "Hollywood Rhythm Extravaganza" (voir blog05/04/2016) entouré des écuyers Allen Percival, Jean Mesnier, Pierre Deshays, Jacques Brestous.
Yves de La Cour avait comme partenaire son épouse, la belle et racée Benji de La Cour, la Princesse Benji, comme l’appelait le public de chez Medrano avec qui il réalisait un double de haute école: double maîtrise et double charme.
Il eut aussi comme coéquipière Monique Montez ou la sculpturale danseuse Francine Hansen avec qui il présenta un numéro appelé " cheval et la danseuse " où la ballerine dansait avec grâce à côté du cheval du Maître écuyer en réalisant les mêmes pas que l’animal.
Et n’oublions en novembre 1962, le numéro qu’Yves de La Cour régla pour la strip-teaseuse équestre viennoise Lilo qui ne passa pas inaperçue à Medrano.
Le dompteur Mike Baray (voir blog12/02/2023) qui l’a bien connu, relate une anecdote dans ses mémoires parues en 2002 sous le titre ”Le dompteur européen, 45 ans parmi les fauves, laissons-lui la plume : ”de La Cour était terriblement myope et retirait ses lunettes au moment d’entrer en piste. Hubert de Malafosse (un Baron producteur de spectacles), friand de faire des blagues, annonce au public, pendant que nous accaparons l’attention de l’écuyer, que celui-ci est sourd et n’entend pas les applaudissements et invite donc à agiter des mouchoirs pour saluer la fin de chacun des exercices. Première pause quelques applaudissements de la part de ceux qui n’avaient pas bien compris, mais à partir de l’exercice suivant c’est une nuée de mouchoirs qui s’agitent jusqu’à la fin du numéro et c’est un artiste écumant de rage qui arrive en coulisses sans même saluer. Il fallut ajoute-t-il un peu de diplomatie de la part de Malafosse pour calmer un de La Cour qui n’admettait pas que l’on sabote son numéro."
Les amateurs en arts équestres lui reconnurent une sûreté et une autorité naturelle. Il a apporté une note élégante, avec un un souci constant, du moins à ses débuts sur piste, de renouer avec les airs hippiques que Molier (voir blog29/04/2012) aimait nous faire retrouver dans son arène de la rue de Bénouville (voir blog27/04/2012).
Yves de La Cour a su donné à son écurie tant d’élégance et de variété spectaculaire, il eut un tel sens du cirque qu’il fut surnommé chez Medrano, le "1er Ecuyer de France".