Si les origines de ces incontournables figures de la piste sont à la fois incertaines et multiples: bouffons de l’Antiquité, fous du Moyen Âge ou personnages issu de la Commedia dell’arte, tout le monde s’accorde pour reconnaitre une origine anglaise au mot clown. Terme qui viendrait de l’altération du mot anglais "clod", ayant donné paysan et par extension rustre, ou balourd. Déjà chez Astley, (voir blog07/06/2015) on qualifiait de paysan, de grotesque celui qui voulait monter à cheval en tant qu’écuyer comique. Et dès 1770 le fondateur du cirque moderne engage des bouffons, des excentriques pour meubler les temps morts entre les numéros d’un spectacle essentiellement équestre. Le rôle du clown à cette époque tient celui d’un palefrenier maladroit.
En 1785, Astley fait venir en France Billy Saunders, clown anglais, écuyer burlesque et dresseur de chiens. Dans une publication française datant de 1816, on parle d’un "claune" en décrivant une scène bouffonne à cheval réalisée par un des frères Franconi. Mais rapidement le personnage du clown fut dissocié du cheval et vers 1830 s’imposa aux dépens d’autres types de comiques comme Paillasse ou Polichinelle.
Parmi les premiers clowns renommés on note Jo Grimaldi (voir blog31/05/2012), William Wallet, sorte de bouffon shakespearien ou l’américain Dan Rice. En France au XVIII° siècle les théâtres bénéficient d’un privilège, celui de l’exclusivité des spectacles parlés. Aussi à cette époque sur les pistes sévissent tout une lignée de clowns sauteurs et forcement muet, tel Jean-Baptiste Auriol (voir blog30/04/2012) surnommé l’homme oiseau alliant agilité et drôlerie. Avec la fin de ce privilège vers 1860, la mode du clown sauteur s’estompe et apparaissent les duos parleurs composés par deux figures bien différentes, le clown blanc et l’auguste. Le premier visage maquillé de blanc, tête surmontée d’un cône est vêtu d’un sac : costume pailleté et brodé, ce qui lui donne une allure majestueuse et autoritaire. Le second a l’apparence diamétralement opposée, vêtu d’une veste et d’un pantalon étriqué, d’un chapeau déformé et de chaussures trop grandes.
L’origine de l’auguste est aussi incertaine et source de maintes sagas. Certains penchent pour le prénom d’un garçon de piste particulièrement stupide, d’autres inclinent pour Tom Belling, un artiste qui avait trop bu et qui ne parvenait pas à tenir correctement son numéro. Mais peu importe l’origine, l’auguste incarne toujours la gaucherie, les pitreries, les gaffes voire l’extravagance et fait souffler sur la piste un vent de folie, de désordre et de libertés enfantines au grand regret du clown incarnant l’ordre, et l’autorité.
Rappelons que l'un des premiers tandems clownesques, le plus célèbre sans doute, fut celui formé par Foottit et Chocolat (voir blog 12/02/2012) qui lancèrent la mode des entrées dialoguées. Parmi les grands noms du rire qui ont interprété et renouvelé au siècle dernier l’art clownesque, figurent Little Walter, Grock (voir blog15/05/2015), Charlie Rivel (voir blog30/06/2012), les frères Fratellini (voir blog 18/05/2015), Rhum (voir blog23/03/2011), Alex (voir blog 20/12/2011) et bien entendu Achille Zavatta (voir blog17/05/2015).
Mais l'appauvrissement du répertoire a entraîné depuis la dernière guerre la décadence du genre. L'âge d'or de l'auguste systématiquement niais et du clown enluminé cher aux albums d'enfants est désormais d’un autre temps et révolu. On remarque même depuis une trentaine d’années que l’auguste s’est passé du clown en demandant à M. Loyal ou au régisseur de piste d’être son nouveau complice ou partenaire. Et même certains groupes tels Les Bario (voir blog26/01/2011) ont été jusqu’à remplacer le clown blanc par une femme meneuse de revue.
De nos jours le clown blanc a tendance même à être absent ou fort rare et, le terme clown désigne désormais et indifféremment toute forme de comique, sans pour autant faire référence au duo historique que furent le clown et l’auguste. Ne disait-on pas que Raymond Devos ou Coluche étaient des clowns ? Oui de nos jours les clowns et les augustes sont des espèces en voie de disparition, ils sont de plus en plus remplacés par des comiques ou des excentriques tel un David Larible (voir blog30/09/2015) ou un Mathieu (voir blog22/11/2015), cherchant dans le public, le partenaire occasionnel pour leur entrée.
Aujourd'hui, l’auguste est devenu une icône que l'on retrouve partout, même dans les publicités McDo, et bien souvent avec les traits et le maquillage d'un auguste américain Lou Jacobs (voir blog 06/10/2013) qui avait copié le maquillage excessif d'un célèbre auguste français, un certain Albert Fratellini (voir blog27/10/2014).
#clownauguste