Al Brown, de son vrai nom Alfonso Teofilo Brown, né le 5 juillet 1902 à Colón au Panama, était un boxeur qui évoluait dans la catégorie poids coqs, et qui fut de 1929 à 1935 Champion du monde. Mais en plus du noble art Al Brown aimait tout particulièrement se produire sur scène en tant que chanteur, danseur, musicien, présentateur, humoriste, mime, avec une prédilection pour Paris où on le vit plusieurs fois avec son Orchestre & Partner proposer un show où alternaient chant, danse et boxe.
Joueur en boxe, joueur de jazz, joueur d’argent, joueur avec la vie mais aussi avec sa santé, ce flambeur décédé à 48 ans le 11 avril 1951, a porté son optimisme d’un continent à l’autre. Doué par nature, avantagé par sa longue silhouette et doté d’un rare sens de la danse, mais peu porté sur l’entraînement, forçant sa motivation durant ses matches en pensant à la façon dont il fêterait avec ses amis la victoire. On raconte même qu’entre les rounds, on rinçait son protège-dents au champagne, lorsqu’on ne lui en servait pas une coupe entière pour démoraliser l’adversaire en plein match. L’éblouissant Alfonso le soir après le combat n’hésitait pas à poursuivre le spectacle, en jouant du saxophone ou de la batterie.
Une telle vedette ne pouvait que plaire à Jérôme Médrano toujours à la recherche de nouvelles stars et, c’est ainsi qu’on vit Al Brown dans le "XVI° spectacle accéléré" du 13 avril au 1er mai 1938 lors de la saison du Jubilé où "la Perle Noire", nom qui lui était donné avant-guerre, était la tête d’affiche de ce programme. Le tout-Paris se bousculait ainsi pour le voir, tel Jean Cocteau son mentor-poète qui le présentait ainsi : "Medrano n’offre pas à son public, un pugiliste en fin de courbe, une ruine, un souvenir. Medrano laisse directement descendre du ring vers la piste ronde un miracle qui refuse de cesser d’être un miracle, un spectre qui refuse de prendre corps."
Un livre paru en 1998 aux Editions du Seuil a fait revivre sans sensiblerie ni clinquant l’extraordinaire destin de ce boxeur artiste de music-hall.
Bien des années plus tard, Jérôme Medrano mettra avec Robert Cohen un autre champion du monde de boxe au programme de son cirque montmartrois, (voir blog26/02/2011) mais ceci est une autre histoire aurait pu dire Kipling.