Maigre, le regard égaré, le visage ravagé de tics, Mac Ronay, engoncé dans un habit élimé, présenta pendant de longues années, un spectacle d'illusionniste miteux et maladroit. Par exemple, s’il approchait une bougie allumée de sa main, il se brûlait en poussant un cri strident, ou s’il ouvrait une boîte pour la présenter au public, après y avoir jeté un coup d'œil, la refermait aussitôt d'un air piteux montrant que le numéro avait foiré. Il présenta aussi un numéro de dresseur de puces avec les mouvements de tête qui ponctuaient les cabrioles imaginaires de ces petites bêtes.
Mais Mac ou Marc Ronay, c’est selon les époques, commença sa carrière artistique en 1938 avec un numéro de casse-cou tournant à moto dans une sphère. Puis il créa au Casino de Paris sous le nom d’Al Carthy un numéro de robot automate. A cette même époque il se produisit également en duo dans de nombreux établissements parisiens (ABC, Bobino, Olympia…) où il cultiva avec un compère sa fibre comique et lymphatique.
Puis il inventa son personnage de magicien godiche et maladroit qui, tel Buster Keaton (voir blog14/12/2010) ne quittait jamais son air lugubre. Ce numéro révolutionna le comique au music-hall car il introduisait ce qui était nouveau dans les années 40 : la dérision. Avec ce numéro il se produisit dans le monde entier, il faut dire qu’il était muet.
Pince sans rire, il avait trouvé son nom d'artiste suite à un propos de sa concierge. Travaillant comme mime dans des cabarets parisiens, se couchant et se levant tard et souvent entouré de jeunes et belles femmes, sa gardienne avait un jour indiqué en parlant de lui, ce type est un "maquereau né", d'où ce surnom de Mac Ronay.
La télévision lui apporta la célébrité. En France il participa à de nombreuses "Piste aux Etoiles" (voir blog15/12/2014), aux USA il fut à de nombreuses reprises l’invité des célèbres émissions ayant pour nom "Ed. Sullivan Show" ou "Bob Hope Show". En Italie il collabora à "Studio Uno" et, consécration suprême en 1989, il se fit applaudir lors du Gala donné à l’Elysée par François Mitterrand en l’honneur des Chefs d’Etats présents à l’occasion du bicentenaire de la révolution française.
Mac Ronay était un artiste au talent immense qui fut pendant trente ans pensionnaire du Crazy Horse, ce qui ne l'empêcha nullement d'avoir en parallèle une carrière internationale ou d’être à l’affiche de certains films comme "Les Tontons flingueurs" où il tenait le rôle de tueur à gages ou de sommelier excentrique dans le film "L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi".
Mac Ronay bien que décédé depuis 2003, reste encore à ce jour un maître incontesté dans l’art de la dérision et ceux qui ne l’ont pas connu ne peuvent imaginer la popularité dont jouissait le bonhomme.