Regardez cette photo signée P. J. Dannes, (voir blog14/06/2014) elle date de janvier 1952, elle représente les spectateurs qui se préparent à franchir les portes du cirque Medrano (voir blog07/04/2011) et qui vont aller applaudir Charles Adrien Wettach, mondialement connu sous le nom de Grock. Et c’est peu dire que cet artiste, né en 1880 dans le canton de Berne d’une mère postière et d’un père cabaretier a, en soixante ans de carrière, attiré les foules et fait rire aux larmes des millions de spectateurs de tous âges sur presque toutes les scènes et les pistes du monde.
Mais reprenons par le début.
Très jeune fasciné par le cirque, le jeune Adrien présente dès 13 ans avec sa sœur Jeanne son premier numéro où il joue de la musique avec un bouteillophone (bouteilles musicales) ou mange des spaghettis avec ses pieds. S’ensuivent des années de tâtonnements où tour-à-tour il est équilibriste, apprenti horloger, professeur de français, violoniste, accordeur de piano puis enfin excentrique musical dans le duo Brick & Grock’s, enfin Auguste avec Antonet (voir blog16/04/2012). Puis viennent les premières tournées internationales, de Buenos Aires à Paris en passant par Madrid, Berlin, Copenhague, Budapest, Adrien parle 6 langues dont ce qui n’est pas courant le Hongrois, où sous le nom de Grock il connaît un succès de plus en plus important. La première guerre mondiale est déclarée, mais est reconnu inapte, ce qui lui permet de continuer de travailler en Grande Bretagne, puis fait à l’armistice un triomphe au théâtre des Folies Bergères, avant une tournée aux Etats Unis.
En 1931 au sommet de sa gloire il tire sa révérence pour se lancer dans les affaires et produit un film où il ne lésine pas sur les moyens et dont il est la vedette. Il s’agit de "Grock, clown de génie" réalisé par Carl Boese, film qui laisse envisager de gros bénéfices et qui est tourné en cinq langues différentes. Mais c’est un désastre les distributeurs partent avec la caisse et Adrien est ruiné ce qui l’oblige en janvier 1934 à Munich au Deutsche Theater à remonter sur scène. Et c’est là qu’il va faire une rencontre qui plus tard va tenir son honorabilité. En effet un spectateur enthousiasmé vient 13 fois voir son numéro, il s’agit d’Hitler. Grock flatté ne mesure pas sur le coup la récupération dont il est l’objet de la part du régime nazi et continue à travailler en Allemagne jusqu’au jour où on lui demande un certificat prouvant qu’il est arien. Il stoppe ses spectacles et se retire dans sa villa au style rococo matinée de baroque et de persan située à Imperia en Italie.
Silencieux pendant le second conflit mondial, à part quelques représentations dans les hôpitaux, il reprend en 1945 car sa fortune a une nouvelle fois fondue, ses marks et ses lires ont perdu beaucoup de valeur et malgré les critiques qu’on imagine sur ses rencontres douteuses le succès revient. En plus de ses dons de comiques, c’est un instrumentiste renommé il joue de plus de 24 instruments, un compositeur prolixe on lui doit plus de 2 500 mélodies et, un entrepreneur de spectacle il crée son propre cirque de 4 500 places avec piste tournante. Parallèlement il est aussi éditeur de musique, réalisateur de cinéma son film "Au revoir Mr. Grock" (voir blog21/02/2012), auteur de 5 livres et, inventeur d’une machine servant à mélanger les cartes…
Enchaînant les tournée avec le même numéro qu’il n’a jamais modifié, il décède le 14 juillet 1959 dans sa villa d’Imperia.
Et depuis des associations, une fondation, des festivals, des musées entretiennent la mémoire de celui, que certains nomment encore de nos jours, le plus grand clown musical de tous les temps.