Une fois sous le chapiteau du Cirque Phénix, une exceptionnelle exposition de costumes provenant des soutes du Cirque du Soleil nous accueille. La plupart de ces vêtements qui ont marqué les spectacles du Soleil sont présents et démontrent la prodigieuse créativité dont les stylistes de ce Cirque québécois ont usé, depuis 20 ans qu’existe cette multinationale du spectacle. Le "Festival Mondial du Cirque Demain" c’est aussi une ambiance digne d’un concert de rock et un spectacle associant force, beauté, humour et création. Oui un bon numéro doit contenir ces ingrédients et s’il en manque un, l’alchimie ne prend pas ou mal et, le spectateur reste un peu sur sa faim. Pour étayer notre témoignage, prenons en exemple le numéro d’équilibres acrobatiques, présenté par la "Troupe Nationale de Chine" constitué par 4 chinois possédant chacun une technique irréprochable. Leur prestation reste un empilage de difficultés techniques inconcevables voire irréalisables, mais il manque chez ces artistes ce petit quoi qui est grâce voire le merveilleux. Leur mise en scène est totalement à revoir et ce côté précieux pour ne pas dire plus ne colle absolument pas avec ce que nous voyons. Et ne parlons pas de leur costumes, qui eux sont à des années lumières de ceux du Soleil, ni leur insignifiante machine digne de "Géo Trouvetout" qui n’apporte guère de valeur ajoutée à leur prestation. En résumé une audace technique de très haut niveau, desservie par une scénographie qu’on n’oserait même pas proposer à des élèves d’une école lambda. Mêmes remarques pour le portugais Hugo Mega qui nous gratifie au tissu aérien d’un assemblage de difficultés inouïes, mais où la grâce et le charge émotionnelle font défauts.
Aux antipodes de ces deux exemples les 3 artistes de la "Compagnie Betticombo" montre qu’avec un peu d’imagination et quelques banals seaux blancs en plastiques on peut proposer trois entrées aussi intelligentes que drôles. Autre exemple Blizzard Concept où deux hurluberlus à l’aide de balles et de sèche-cheveux captivent leur auditoire. Des beaux numéros il y en a beaucoup lors de cette édition, et même si certains ont manqué de réussite, nous pensons particulièrement à Lucas Bergandi et Geoffrey Berthault, deux artistes fildeféristes qui n’étaient pas samedi 25 janvier dans un bon jour, ils ont néanmoins tous deux montré volonté et opiniâtreté en recommençant plusieurs fois des tricks ratés, illustrant ainsi combien est fragile la perfection dans l’art de la piste ! Côté réussite Ignacio Ricci dans un prodigieux numéro de corde verticale, Gustavo & Amanda au trapèze fixe, Michaël Ferreri phénomène qui jongle avec 9 balles, Jérôme Sordillon dans un numéro de sangle ou force et plastique sont présents, les Ukrainiens du "Duo Elégant" dans un numéro de main à main sans temps mort. Au cadre aérien Max & Antonio nous enchantent tout au long de leur duo où l’humour n’est jamais absent. De plus ils présentent une sortie fort originale, mais chut nous ne dirons rien. Le vénézuélien Aime Morales lui aussi sait allier humour et technique avec sa roue Cyr et son costume est digne du Soleil. Le "Duo Emotion" au nom si bien porté nous propose au trapèze une prestation de main à main et de danse remarquable. Et n’oublions l’américain Kyle Driggs, qui avec 3 ou 4 anneaux et un parapluie nous propose une prodigieuse chorégraphie en multipliant les difficultés propres à l’art du jonglage. Un éblouissant moment de poésie et de féerie. Les autres numéros sont intéressants, mais un peu en retrait par rapport à ceux nommés plus haut.
Gageons que le jury présidé par Dominique Mauclair sera trier le bon grain de l’ivraie et nous proposera dimanche 26 janvier un palmarès digne de cette 35ème édition.