Un remarquable documentaire sur la vie artistique sous l’occupation a été dernièrement diffusé sur France5, mais très curieusement, si ce film évoquait le cinéma, le théâtre, le music-hall, le cabaret voire l’opéra, aucune information n’a été donnée sur le cirque Est-ce à dire que les arts de la piste ne se sont pas eux accoquiné avec l’occupant ? La réponse est bien entendue plus mesurée.
D’une manière générale suite à difficultés liées à trouver du carburant la plupart des cirques ambulants dans un premier temps restent cloués sur place. Mais en 1940 le "Cirque Bureau" lors de sa tournée 40-41 en zone libre accole à nom le slogan de "Cirque National". Si dans un premier temps Amar tourne sur Bordeaux, les quatre frères se séparent et proposent alors le plus souvent dans la région parisienne quatre chapiteaux différents ayant pour nom: "Nouveau Cirque de Paris" de Schériff, "Le Cirque des Cirques" d’Ali, "Le Cirque de France" et le "Grand Cirque Amar" de Mustapha. Le "Cirque Lamy" de son côté imprime des programmes en français et allemand et tourne avec des camions gazogènes. Des artistes français sont sollicités pour des tournées dans les villes allemandes, à l'arrière des fronts et jusqu'au Wintergarten où Hitler se rendit deux fois pour applaudir les Alizées et ces extraordinaires jongleurs sur fil de fer: les Revehros.
A Paris, les cirques en pierre sont dans un premier temps sous tutelle allemande. Le "Cirque d’hiver" est dirigé du 20 décembre 1940 au 22 mars 1941 par Paul Busch, le directeur du célèbre cirque berlinois Busch, sa sœur Michaela s’empare de "Medrano" du 15 novembre 1940 au 11 avril 1941, date à laquelle Jérôme Medrano reprendra les commandes de son cirque montmartrois. Les Cirques parisiens vont durant l’occupation présenter de nombreux programmes. Zavatta dans ses Mémoires "30 ans de cirque" relate comment il rejoignait le cirque d'hiver en utilisant l’énergie de ses mollets pour faire circuler son vélo-taxi dans lequel prenait place son compère Alex.
Rares ont été les faits de résistance, c’est pourquoi il ne faut pas taire l’attitude d’Amédée Ringenbach lorsqu’il dirigeait le "Cirque des Alliés", nom qui à cette époque n’était pas bien entendu innocent. Rappelons qu’en 1939, à Vannes ce cirque est arrêté car l'occupant allemand refuse que cet établissement continu de circuler sous le nom de "Cirque des Alliés". Pour protester contre cette décision, M. Amédée décide de baptiser son établissement sous le nom de "Cirque National", ce qui lui permit de reprendre sans problèmes ses tournées, car les Allemands ne voyaient aucune malice par l’emploi de cet adjectif combien pourtant symbolique. Le "Cirque Pinder de son côté rentre à Chanceaux-sur-Choisille en Touraine. Le matériel roulant et le chapiteau sont cachés, les animaux sont envoyés en Espagne. Charles Spiessert, le directeur de ce cirque à cette époque refusant de travailler devant l’occupant.
On voit que le cirque comme les autres modes de spectacles, est loin du mythe vertueux de la Résistances que l’on présente généralement.