Le monde du spectacle en général et le monde de la piste ont engendré de nombreux personnages hors normes, à coup sûr celui qui se fit appeler le Maharadja fut un directeur de cirque qui aimait la démesure.
Né en 1873 le jeune Hans Stosch fréquente si assidument la piste des cirques Renz, Schumann, Hinné, Carré, Salasmonsky ou Ciniselli qu’il abandonne ses études pour devenir clown. En 1888 il fait partie de la troupe du cirque Kolzer. Quelques années plus tard il prend le pseudonyme de Sarrasani, en souvenir ”La Sarrasine” une nouvelle d’Honoré de Balzac publiée en 1830.
Quelques temps après Hans Stosch, reçoit un important héritage. Ne sachant comment l’utiliser, il hésite entre investir dans un hôtel ou créer un cirque, il joue alors son avenir en tirant à pile ou face. La pièce tombe du côté de la piste et c’est ainsi qu’il va fonder en 1901 à Dresde en Allemagne une piste qui va porter le nom de Sarrasani.
Dans un premier temps c’est une piste modeste où il assure avec Maria son épouse tous les numéros. Cela marche fort bien et au chapiteau de tournée il va faire construire un cirque stable, d’abord à Radebeul, puis à Dresde en 1912. Bâtiment qui pouvait accueillir quatre mille spectateurs et qui fut détruit lors d'un bombardement en 1945.
Le cirque Sarrasani devient vite légendaire et parcourt l’Europe et l’Amérique du Sud. Accueillant 400 animaux, et un nombre similaire d’artistes ou de techniciens, ce cirque présente des troupes issues des endroits les plus éloignés : chinois, japonais, javanais, marocains, hindous, Sioux, Éthiopiens, Gauchos, Européens. Visionnaire Sarrasani ancre son projet dans son temps, époque dominée par l’explosion industrielle et technologique, tout en développant à grande échelle un imaginaire basé sur l’exotisme.
En 1915 pour le tournage du film ”La favorite du Maharadja” réalisé au Danemark par Robert Dinesen, dans lequel on peut certains des animaux de Sarrasani, ce dernier subjugué par le somptueux costume couvert de pierreries et le turban que porte l’acteur principal. Sarrasani l’adopte et s’identifie désormais avec ses éléphants à un monarque de l’Asie du Sud et du Sud-Est. Pour le faire savoir il fait imprimer moult visuels où il apparait costumé en Maharadjah.
Fragilisé par la crise de 1929 le Cirque Sarrasani, tente d’y échapper en se produisant au Brésil. Ce sera le dernier voyage de ce personnage hors du commun, car il meurt en 1934 à Sao Paulo. Parmi ses dernières volontés scrupuleusement respectées, il ne sera enterré que lorsque tous ses éléphants seront de retour à Dresde.
Repris en 1957 par F. Mey, depuis un cirque Sarrasani malgré les vicissitudes de l'histoire a continué à tourner et à même fait un étape en avril-mai 1960, à Paris où cet établissement a dressé ses installations à 5 portes parisiennes, comme l'indique la couverture du programme.
En 2004 à Dresde André Sarrasani a ouvert le Sarrasani Trocadero, un élégant dîner-spectacle donné sous une structure de tente stationnaire avec une façade rappelant dans une version beaucoup plus petite le légendaire Cirque de son ancêtre.