Nous avons à de nombreuses occasions (voir notamment blogs 24/04/2012 & 24/04/2018) évoquer le travail d’Edmond Heuzé ce peintre, dessinateur, graveur, illustrateur, écrivain, grand amateur du cercle magique et époux de Nina Bacquet, la directrice du cirque Médrano. Cela explique pourquoi il nous a laissé de nombreux portraits d’artistes ayant foulé la piste du cirque montmartrois. Témoins ces huiles représentant Leonardo Ceratto (1870 – 1925) un ancien acrobate devenu avec le temps un auguste à la trogne rouge, la tignasse verte et au bégaiement comique.
Dans le premier tableau, une huile sur toile peinte en 1912, intitulé ”Le clown Ceratto dans sa loge” que l’on peut admirer à Paris au Centre Pompidou, on voit un artiste accoudé à la table de maquillage sur laquelle il a posé son galurin, son sac suspendu à une chaise, maquillé et habillé prêt à entrer en piste.
Dans le second, une huile sur carton accrochée aux cimaises du Musée de Grenoble, cette fois "Le Clown Ceratto" (c’est aussi le nom de cette peinture) est au milieu de la piste, chapeauté, tenant son sac une sorte de cabas à commissions dont il va se délester à la première occasion. Comme on le voit cet auguste avait une silhouette des plus bizarres, petit, trapu, musclé, les yeux légèrement exorbités.
Edmond Heuzé a bien su représenter la dégaine de cet auguste qui eut bien souvent Dario, du duo Dario Bario (voir blog30/05/2021) pour partenaire. Et pour rendre le côté un peu méchant et irrité que Ceretto aimait prendre sur piste, Heuzé va utiliser des couleurs foncés donnant à ces deux tableaux un accent où la joie n’est pas de mise. Ne dit-on pas que le clown est triste hors de la piste ?
Enfin dans cette troisième toile que l'on peut voir au Musée du Petit Palais de de Genève (voir blog08/01/2016) et nommée Les Clowns du Cirque Medrano, le peintre représente cette fois avec un de ses complices du début des années 1910, le clown Dario, reconnaissable à sa houppette noire dépassant de son cône.
Heuzé, un artiste qui a bien su représenter le monde la piste du début du XX° siècle est, malheureusement de nos jours, un peintre un peu oublié des circophiles, comme des amateurs de peinture… Il faut qu'il à eu un parcours pour le moins original. Tour à tour coupeur de vêtements, fort des Halles, danseur professionnel et mondain, lutteur, coureur cycliste, journaliste ce qui a certainement dérouté bon nombre de ses admirateurs, tant le bon homme avait du tempérament et était multiple.