Jérôme Medrano relate dans ses mémoires, les grandes difficultés qu’il a rencontrées pour monter un spectacle proposé par Jacques Prély, production, dont il faut bien dire on n’a pas gardé un souvenir intarissable.
Mais le mieux est de laisser le fils de Boum-Boum raconter ses mésaventures liées à ce spectacle qui selon lui n’a pas été très heureux et a couté très cher.
Jacques Prélly ”avait lui-même un ami italien qui lui avait suggéré de monter avec lui un spectacle qu’ils devaient financer eux-mêmes par la publicité.... Ils nous soumirent un projet mirifique que nous acceptâmes… Le spectacle devait être un spectacle folklorique italien et s’appelaient "Bravissimo". Ils ont obtenu la collaboration d’un compositeur italien à succès très connu, qui était aussi très parisien, puisqu’il avait été dans sa jeunesse chef d’orchestre au Concert Mayol pendant plusieurs années et qui avait de plus l’avantage de parler couramment le français.. : Giovanni d’Anzi"..
"Après avoir obtenu pas mal d’argent grace à la publicité auprès des firmes italiennes, Jacques Prély et son ami Walter partirent pour l’Italie en voyage d’information. A leur retour, ils écrivirent le spectacle et Jacques Prély insista pour que j’aille à mon tour en Italie accompagné de Walter, pour les confirmations qu’ils avaient à donner et à recevoir… Je devais aussi également voir sur place les attractions qu’ils avaient prévues et les artistes déjà contactés. Nous rencontrâmes aussi les dirigeants des comités d’initiative de certaines villes dont ils devaient reproduire la fête locale. Je dois dire ici que je ne parle pas l’italien. J’étais donc réduit à croire ce qu’on me disait ou me traduisait mon compagnon de voyage et ce qu’il m’expliquait sur les fêtes en question. Nous auditionnâmes des attractions et revînmes à Paris".
"Pendant mon absence Jacques Prély avait commandé l’important matériel nécessaire à l’atelier de décors d’un grand studio de cinéma de la banlieue parisienne où il avait un ami, et je vis tout de suite qu’il ne nous convenait pas. C’était de véritables constructions. Les décors qu’on fait pour les films n’ont rien de comparable à du matériel de scène ou de piste qui doit être monté et démonté rapidement à la vue des spectateurs. Ce matériel était trop lourd et trop compliqué ; il avait coûté plusieurs fois le prix qu’on aurait dû le payer. Mais il était trop tard, il était réalisé et de toute façon nous n’avions plus le temps de le faire refaire, mais le capital obtenu par nos deux amis était bien entamé".
"Le tableau final du spectacle représentait le carnaval à Venise et Jacques Prély avait voulu de l’eau. Je lui avais expliqué avant de partir ce que j’avais fait quand j’avais présenté "le cirque sous l’eau". Mais il aurait fallu des réservoirs. Malheureusement il n’avait pu s’en procurer et il n’était pas possible d’obtenir de la Compagnie des eaux un branchement suffisant pour remplir la piste assez rapidement et même en utilisant l’eau d’incendie qui est difficile à obtenir et qui coûte beaucoup plus cher. Or nous étions coincés. Les contrats étaient faits et la publicité commencée, il fallait débuter. Dans l’énervement de tous ces contretemps, l’ami de Jacques Prély avait eu une altercation avec le metteur en scène du spectacle qui était parti ; enfin pour couronner le tout, trois jours avant le début nous apprenions que les municipalités italiennes avec lesquelles nous avions passé des accords pour célébrer leurs fêtes, ne nous envoyaient plus les costumes promis à moins de leur payer quelques millions".
"Il fallait en sortir. A ce moment ma femme … prit les choses en main et fit en sorte que, pour la répétition, nous ayons tout ce qu’il fallait. Oh ! évidemment ce n’était pas ce que nous avions prévu, mais elle avait sauvé la situation en ce qui concernait les costumes et les accessoires. Heureusement que les costumes que nous avions fait faire pour les girls et pour certains tableaux étaient très beaux et très chatoyants. "Le spectacle était bien. Evidemment il fut critiqué par quelques journalistes adeptes du cirque pur, mais les meilleurs spécialistes du cirque reconnurent ses qualités".
"Malheureusement nous n’avons pas pu tenir ce spectacle le temps que nous avions prévu. Nous eûmes trop de difficultés avec l’eau. Le remplissage de la piste et l’évacuation de l’eau prenait trop de temps et les jours où nous avions trois représentations, nous prenions du retard sur les horaires habituels ; de plus les garçons de piste bien que plus nombreux étaient trop fatigués. Nous avons dû arrêter le spectacle au bout d’un mois”.
Cette production musicale italienne à grand spectacle avec une musique signée Giovanni d’Anzi, lyrics de F Walter jouée, par l’orchestre de Medrano sous la direction d’Hubert Dewaele, qui avait composé "La Marche sur Rôme" débutant martialement la seconde partie du spectacle comprenait notamment André Rancy, Michel Marconi, les sœurs Ghezzi et les Likajos pour la partie cirque, Raoul Delfosse et Christian Duvaleix pour la partie comique et Guido Busso pour la partie lyrique sans oublier les indispensables mandolines de Giusseppe Anedda
Pour marquer cette œuvre, plus digne d’une opérette du Chatelet ou de Mogador que d'un spectacle de cirque, un disque du spectacle fut pressé par la firmeTeppaz, enregistrement que l’on pouvait se procurer directement avant de sortir du cirque.
Mais aujourd’hui que reste-t-il de ce demi fiasco ?
Peu parle de cette production qui n'avait rejouit ni les amateurs de cirque ni les fans d'opérettes, car comme le disait Jérôme Medrano en plus, cette production n’avait pas été très heureuse. Un comble...