Une décision prise le 4 avril dernier par le Conseil municipal de Lille met le feu au poudre dans le milieu circassien.
En effet dans un vœu soumis à la municipalité, le groupe EELV a demandé à la ville de Lille de se déclarer "en faveur de l’interdiction de la captivité et de l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques et autres spectacles itinérants". La municipalité est également invitée à dissuader les cirques exploitant des animaux d’exercer sur son territoire. Enfin, il lui est demandé de soutenir les cirques respectant la condition animale.
A l’issue d’un vote en conseil municipal, la ville du Nord a finalement affirmé jeudi 4 avril sa volonté de travailler "avec les professionnels du monde circassien et experts afin de poursuivre le retrait progressif des animaux sauvages dans les cirques et de veiller aux conditions de vie des animaux. Elle continuera à soutenir les modèles alternatifs de cirque existants sur le territoire".
Depuis plus de 40 ans le Cirque Arlette Gruss s’arrête à Lille et chaque année fin octobre début novembre, Thierry Féery (voir blog14/10/2011) depuis 32 ans reprenant une tradition initiée en 1955 par Jean-Pierre Panir (voir blog22/12/2010) organise sa célèbre Grande Fête lilloise du Cirque.
Rappelons comme la plupart des villes du nord Lille, peut à juste titre revendiquer une coutume circassienne plus que bicentenaire. La capitale des Hauts de France fut même dotée de 1875-1932 d’un cirque hippodrome (voir06/12/2017) et son célèbre Sébasto possède encore une piste de cirque (voir blog26/09/2018). Bref Lille sans cirque c’est comme Lille sans sa Grande Braderie.
Mais peut-être que le groupe EELV de Lille va dire maintenant et fort de ce premier succès, demander l’interdiction de la vente et la consommation de moules lors de cette braderie invoquant la mort cruelle de millions de mollusques bivalves, car comme disait Alfred Jarry ,"lorsque les bornes sont franchies il n'y a plus de limite".
Rappelons en France, aucune loi interdit la présence d’animaux dans les cirques, en revanche la législation encadre très sévèrement cette pratique et on ne peut faire n'importe quoi. C’est ce qu’a rappelé dernièrement le Ministre de l’Intérieur en indiquant qu’une interdiction générale des cirques avec animaux n’est pas recevable.
Par contre les groupuscules qui prétendent défendre les animaux font flèches de tout bois en se moquant bien de la légalité. Ainsi un jour elles menacent de mort le Maire de Massy, car il permet dans sa commune l'organisation chaque année et depuis 1991 d'un festival international de cirque avec animaux. Un autre jour elles attaquent des boucheries pour vente de viande, ou veulent interdire l'usage des chiens guides pour aveugles et que sais-je encore... Comme nous l'indiquions plus haut les vendeurs de moules frites devraient commencer à se méfier. Bref nous somme en présence de sectes dogmatiques qui veulent imposer leur loi au détriment de la collectivité. Et si trop d'impôt tue l'impôt, trop de dogmatisme, n'a jamais tué le dogmatisme.
Aussi s cette décision municipale lilloise les principaux intéressés par ce vote municipal ne sont pas restés bras croisés.
Ainsi Thierry Féerie a diffusé sur Facebook le communiqué suivant :
Comme vous sans doute , j’ai appris par la presse que la ville de Lille allait pour satisfaire à la demande des verts au sein du conseil municipal faire sans doute voter l’interdiction de présenter des animaux de la faune sauvage au sein des programmes de cirque présentés dans la ville.
Ce choix concerne les 2 institutions du monde du cirque fréquentant depuis des décennies le territoire lillois à savoir le célèbre cirque Arlette Gruss et la grande fête lilloise du cirque que je produis avec fierté depuis 32 ans.
Dois-je rappeler que ce spectacle est sans doute le programme qui fédère le plus grand nombre de spectateurs à Lille tous spectacles vivants confondus.
La presse locale pourra confirmer que ces opposants n’ont jamais excédé 12 manifestants face au chapiteau de la Grande Fête Lilloise du Cirque , alors que plus de 150 000 spectateurs franchissent le seuil de notre porte .
Je comprends aisément le choix de chacun et je le respecte aussi je précise aux élus de la ville que Lille n’est pas concernée par les dérives du non-respect de la cause animale car que ce soit Gilbert Gruss ou moi-même avons toujours engagé et présenté des attractions dont nous répondions de la qualité des dresseurs et de leur travail afin de satisfaire au respect des animaux que nous présentons .
Ce choix malgré la loi française entraîne de lourdes conséquences sur la nécessité ou non de maintenir un zoo au sein de la ville car là aussi les animaux y sont détenus.
Dommage que les 2 professionnels du cirque de la ville n’ait été questionnés à ce sujet alors que l’on tient uniquement compte des avis de 3 ou 4 vétérinaires étrangers qui n’ont jamais franchi le sol lillois.
Ce choix doit être pris en fonction de la confiance que vous portez à vos opérateurs, vous les limitez à 2 chaque année depuis des décennies, c’est un honneur pour mon confrère et moi- même, alors continuez à leur faire confiance, ils sont sérieux, respectueux des règles et des lois françaises.
Vive le cirque
Thierry Fééry Producteur de La Grande Fête Lilloise du Cirque.
De son côté Gilbert Gruss a aussi réagi avec ce communiqué de presse :
Comme le souligne Gilbert Gruss tous les arrêtés municipaux interdisant les cirques avec animaux ont été retoqués par les tribunaux administratifs. Ce qui veut dire qu’en cas d’amende infligée par un tribunal, une municipalité condamnée devra puiser dans les impôts payés par les contribuables pour l'acquitter. Ne pensez-vous pas que cet argent aurait eu une meilleure utilité collective? L'impôt ne doit pas servir à payer les préjudices causés par un vote dont le but inavoué est de permettre à un Maire de garder sa majorité au sein de son Conseil municipal.
Entraver la liberté du travail est interdit en France, censurer la liberté de création aussi,
Lille veut-elle rester dans l'histoire comme la ville qui réprime et censure sur son territoire la création artistique tout et entravant la liberté du travail? C'est du moins ce que laisse entendre cette décision prise le 4 avril dernier.