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Si de nos jours les journalistes connaissant les étoiles de la piste se font rares, il n'en était pas de même aux siècles précédents. Témoin l’auteur du légendaire "Capitaine Fracasse" qui pendant de longues années a écrit pour "La Presse" le quotidien d'Émile de Girardin, pour lequel il était critique d'art et de spectacles et très au fait du genre.

Cette tâche de chroniqueur va l'occuper toute sa vie et les articles rédigés par Théophile Gautier, qu’on évalue à plus de deux mille, utilisent une langue nette, souple, impeccable et brillante. Notre poète chroniqueur réinvente l'écriture de critique d'art, qui ne vise pas seulement au jugement, à l'analyse, mais aussi à recréer la justesse du sentiment esthétique. Gautier cherche à rendre, au moyen de mots, la sensation visuelle, musicale produite par la perception directe du spectacle.

Dans "Histoire dramatique en France depuis 25 ans", publié en 1858 en Belgique chez Hetzel comprenant 6 volumes, sont imprimées toutes ses chroniques écrites entre juillet 1837 et avril 1852 et c'est passionnant, comme on va pouvoir le voir à travers quelques exemples.

Dans le volume 3 on peut notamment lire un portrait fort bien rédigé sur Andrew Ducrow (1793-1842), le créateur de la Poste à Cheval, artiste qui marqua à jamais de son empreinte l’acrobatie équestre.

Mais laissons Théophile Gautier nous le décrire. 

"Le petit Ducrow est déjà un écuyer plein de feu, de hardiesse et de sang-froid. Il a une charmante figure blonde, et cependant d’une audace et d’une énergie singulière ; sous cette délicatesse féminine, on sent une résolution virile : comme il est maître sur son cheval ! Comme il est à l’aise sur cette croupe ondoyante, plancher mouvant sur lequel il exécute ; avec un art de mime vraiment remarquable, toutes les phases de la vie d’un matelot."

Dans une autre article, reproduit cette fois ci dans le volume 4 il évoque le célèbre Laurent Franconi (voir blog08/06/2015).

"N’oublions pas un curieux duo équestre formé de Laurent Franconi, ce centaure presque octogénaire, qui n’a pas cinquante ans lorsqu’il est en selle. L’Habille écuyer, monté sur un cheval, en a devant lui un autre tenu par deux longues guides, et qui répète exactement ce que fait le premier : voltes, changements de pieds, cadences etc…, difficulté d’autant plus grande que, par une restriction faite en faveur du cirque, tout ce travail doit s’exécuter à grande allure.

Le reste du spectacle a été rempli par des courses d’amazones, des sauts de barrières de quatre pieds de haut et une course au triple galop par douze chevaux et trois cavaliers, dont chacun conduisait trois bêtes en se tenant sur la croupe des deux dernières : ce brillant et périlleux exercice a terminé la séance à la satisfaction générale."

Comme on peut le voir ce poète et romancier était comme bon nombre de ces contemporains un circophile averti. Une mine d'or ces chroniques de Théophile Gautier pour celles et ceux qui veulent mieux s"imprégner et connaitre l'art et le cirque dans le milieu du XIX° siècle. 

Tag(s) : #Personnalités
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