Le spectacle ne semble pas intéresser l'artiste. Seuls les deux clowns sont visibles, impliqués l'un dans l'autre suggérant ainsi la piste, elle même invisible comme les spectateurs et les autres artistes. Ce qui intéresse le peintre c’est ce fatras de formes et de couleurs que forme cette œuvre déstructurée.
Cette peinture à l’huile a été réalisée il y a cent ans en 1917, par le peintre dessinateur et graveur Albert Gleizes (1881-1953) un des membres fondateurs du cubisme, et ami de Jean Metzinger (voir blog04/03/2017).
Durant la 1ère guerre mondiale, Gleizes mobilisé à Toul va collaborer avec Jean Cocteau lui resté à Paris, pour préparer à la demande du poète une série de maquettes de costumes pour une adaptation moderne du "Songe d'une nuit d'été" de Skakespeare que Jean Cocteau (voir blog09/12/2010) veut monter au Cirque Medrano de Paris( voir blog07/042011). Spectacle dans lequel le poète souhaite mêler clowns et acteurs du conflit mondial. Gleizes marqué par cette demande peindra cette toile, mais ce spectacle ne verra jamais le jour.
Ce n’est pas la seule incursion de Gleizes dans le milieu de la piste, déjà en 1914 il a créé une gouache où il représente un clown acrobatique et en 1916 il peint cette huile sur carton représentant deux autres clowns. Là aussi ce sont deux œuvres fortement cubiques très tendance au début du XX+ siècle.
En 1993, la Poste a fait réaliser en héliogravure un timbre d’une valeur faciale de 2,80 F, représentant le tableau des Clowns d’Albert Gleizes.
Clin d' œil au monde de la piste, notons que l’oblitération "premier jour", chère aux philatélistes, a été effectuée le 2 octobre 1993 dans les locaux du Centre National des Arts du Cirque à Châlons sur Marne (voir blog02/05/2011).
Une sorte de retour à la piste pour cette peinture faite de couleurs et de formes.