Cette huile sur toile, au format (100 x 81 cm) nous plonge dans le monde de la piste, où nous voyons un jongleur entrain de répéter son numéro. Au moins deux éléments nous font dire que nous ne sommes pas en pleine représentation, déjà l’attitude nonchalante de sa partenaire ne parait pas compatible avec un spectacle, mais surtout le fait que les gradins qui se trouvent en haut de la toile sont vides.
Et aux vues de l'harmonie des teintes rosées qui colorent toute la peinture, on peut penser que cette scène se passe sur la piste du Cirque Fernando (voir blog22/12/2017), la piste des peintres qui donnait cette sensation de bonbonnière tant le rose était présent.
Cette œuvre est due au talent du peintre Ossip Lubitch (1896-1990) une figure majeure et historique des peintres d'origine juive du Montparnasse de l'entre-deux-guerres.
Toute sa vie Lubitch fut inspiré par le spectacle du monde qui l’entoure mais aussi par l’atmosphère particulière du cirque et du théâtre. Au début des années 1930, il en exploite ardemment certains thèmes comme les clowns, les danseurs, les arlequins qui vont être les thèmes de beaucoup de ses toiles.
Vivement intéressé par la façon dont il a traité le cirque, le peintre Georges Rouault lui fait l’honneur d’un poème sur ce thème qu’il affectionne tout autant que lui. Ce poème deviendra la préface d’un album « Le Cirque », un ensemble de 10 eaux fortes aquatinte publié en 1934, aux éditions « Les Quatre chemins ». La vignette et le coffret ont été faits d’après le projet de son ami, le poète futuriste Iliazd.
A travers les tableaux de ce peintre slave représentant la piste magique on retrouve tout ce qui fait la signature de ce peintre, à savoir une tendresse lumineuse, pleine d'humanité, un regard sur le monde d'une incroyable douceur ainsi qu'une palette intimiste sur la joie.
Ossip Lubitch a, dans les années trente a souvent pris les circassiens comme modèles, comme en témoignent ces autres réalisations.