M. Dréna (1903-1984), le souriant présentateur des festivités du Cirque Medrano
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Bordelais de naissance, Jean Dréna, né André-Jean Bégaud, va débuter sa carrière comme chanteur au Cabaret Montmartre. En 1933 on le retrouve vedette à Bobino, avant qu’il s’expatrie plusieurs années à Chicago pour mener la ”Revue French Casino” du producteur et auteur de chansons Jacques Charles (1882-1971). De retour en France en 1937, il va se produire aux ”Ambassadeurs”, au ”Moulin Rouge” et aux ”Folies-Bergères”, avant d’animer la revue du ”Bal Tabarin”, un cabaret parisien aujourd’hui disparu, situé au pied de Montmartre. Et lors de la seconde guerre mondiale, il sera affecté comme animateur de radio à Beyrouth pour les émissions du "Théâtre des armées"…
Il a déjà une belle expérience, lorsqu’en 1948 Jérôme Medrano le sollicite pour devenir le Maître de cérémonie de son cirque. Dréna va immédiatement s’acclimater au monde de la piste, utilisant sa faconde à la manière de celles des aboyeurs qui, entre deux roulements de tambour, vantent les attractions.
Dréna est non seulement ” La Lumière de la piste” comme l’indique la brochure du 2ème programme accéléré (saison 53-54), mais devient aussi un temps journaliste pour la brochure-papier du cirque où il interviewe Lycette Darsonval, une danseuse du Théâtre National de l’Opéra. Il joue aussi sur la piste de montmartroise dans de nombreux sketchs comiques dont ”Adam et Eve” signé Rhum. Dans les ”Chesterfollies 56” de Gilles Margaritis, dans le sketch du ”Restaurant urbain”, il se glisse avec aisance dans le personnage de l’inventeur.
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Dréna et Boulicot
Bref, il est pour tout le monde Monsieur Dréna, ”plein de faconde et de spiritualité qui intervient juste au bon moment où il faut et qui d’un trait, d’un geste ou d’un mot souligne l’exercice ou le tourbillon qu’il faut mettre en relief.”
De son côté Jérôme Medrano, dans son livre souvenir, le décrit ainsi : ”et puis il y avait Dréna qui s’imposa si bien comme présentateur et comme animateur qu’on ne tarda pas à l’appeler Monsieur Dréna à l’instar de Monsieur Loyal de la Belle Epoque. C’était un grand homme de spectacle qui ne vivait que pour cela. (…) C’était un admirable faire-valoir qui savait toujours s’effacer devant le succès des artistes.”
La direction que va donner Dréna à la fonction de M. Loyal va marquer une très net changement avec ce qui se faisait auparavant, essentiellement un copié-collé du travail du présentateur en music-hall ou en cabaret. A la fois meneur de jeu et faire-valoir incomparable pour les artistes, Dréna est un animateur hors pair qui à la fin du spectacle, de sa belle voix de baryton, va chanter accompagné par l’orchestre de Jean Laporte, l’adieu au public Et les habitués de Medrano savouraient comme une friandise sucré ses duos, avec Boulicot ou Loriot. Pour rien au monde on aurait manqué ces moments.
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Pendant la pause estivale de Medrano, Jean Dréna part du 18 mai au 19 juillet 1956 en tournée dans le nord de la France avec le Star Circus, une piste atypique dirigée par la Société de Bienfaisance, une œuvre d’obédience catholique, dirigée par l’abbé Bischop et deux industriels Jean Ducatillon et Henri Wallaert. Jean Dréna animera le spectacle dans lequel Achille Zavatta sera la tête d’affiche. Souffrant, Dréna sera néanmoins remplacé en juillet par Paul Simonin, bien plus connu sous le sobriquet de Paul Sipolo., merveilleux musicien qui a enchanté, avec son épouse Mireille, le monde du spectacle en transformant en instruments de musique des objets de la vie quotidienne.
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Pour les fêtes de fin d’année, du 23 décembre au 3 janvier 1957, Jean Dréna et Achille Zavatta vont se produire au Palais des Sports de la Foire de Lille dans un spectacle intitulé ”Les Cirques Internationaux Réunis” dirigé par Alex Goldstein.
Jamais Zavatta ne trouvera un meilleur complice que Dréna, aussi, Mustapha Amar, comme on l’a déjà évoqué, va engager le duo pour la tournée 57-58. Au mois de septembre Jean Dréna va être victime de malaise et sera remplacé par le présentateur maison Claude Lasserre.
Aujourd’hui un peu oublié, Monsieur Dréna demeure de l’avis des critiques, et comme le souligne Dominique Denis dans son livre dédié à Zavatta, ”le meilleur Maître de Cérémonie de la deuxième partie du XX° siècle”.!
Lors de sa longue carrière circassienne Dréna, dont la notoriété ne va jamais se démentir, aura son nom inscrit aussi gros sur les affiches que ceux de ses complices, Boulicot ou Loriot.
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Malheureusement la maladie va l’écarter quelques mois avant la fermeture définitive de Medrano, où il sera remplacé par Jacques Demarny, qui par ailleurs va écrire des chansons pour Enrico Macias, Daniel Guichard, Tino Rossi, Georges Guétary ou Annie Cordy.