Dingue, un spectacle pas toujours dingue

C’est avec un grand plaisir que nous avons retrouvé le chemin du Cirque d’Hiver délaissé l’année dernière pour cause de pandémie. Et avec une année de retard la production ”Dingue” présentée seulement pendant douze jours en 2020 a pu, un peu remanié (voir blog18/10/2021) voir le jour sous la direction artistique de Joseph Jacques Bouglione (voir blog26/02/2017).

Après un charivari composé de danseuses, danseurs et de tous les artistes composant ce programme, Regina Bouglione nous montre que les années n’ont pas de prise sur elle et nous propose le seul numéro avec animal, un poney (mini) et un cheval (maxi) qu’elle fait tourner au son de l’excellent orchestre de Pierre Nouveau, le maestro des Bouglione. Géraldine Philadelphia du Cirque Roncalli propose ensuite un joli numéro avec cerceaux et hula hoops où elle mêle adresse, agilité et dextérité en faisant tourbillonner ses cerceaux dans les airs. Puis Sergi Buka, un magicien féru de close up, pédalant sur un drôle de tricycle surmonté d’un écran circulaire, nous présente un court mais charmant numéro d’ombres chinoises. La Bulgare Zoré Espana dans une tenue virevoltante réalise avec dextérité toute une série de prouesses acrobatiques en maniant une roue Cyr. Ensuite Adèle Fame une native de Créteil, nous présente un dynamique numéro de sangles aériennes, qui mélange à la fois la technique et la chorégraphie.

Après ce trio d’artistes féminins, les frères Caveagna formés à l’Académie du Cirque de Vérône et Junior d’Argent lors de la 7^ème édition de New Generation, présentent avec sureté un numéro de mains à mains, tout en force avec un spectaculaire retournement et un relevé de jambe qu’on n’attend pas forcément d’artistes de cet âge, en peu de mots, ils ont la grande classe.

La seconde partie débute par deux jeunes artistes, un frère et une sœur, les Skaying Medini nous proposant un numéro fort classique où ils montrent qu’ils possèdent toutes les figures attendues d’un duo pratiquant le patin à roulettes. Puis un numéro de mât aérien de bonne facture mais bien court qui dû laisser beaucoup de spectatrices ou de spectateurs sur leur faim. C'est le tour de François Borie un jongleur adepte de la vitesse. C’est vraiment un des jongleurs les plus rapides du monde pour présenter un numéro. Enfin en fin de programme la sempiternelle roue de la mort. Il est dommage que les artistes programmés en 2020, autrement Duo Shock, soient remplacés par Les Navas qui n’ont ni le niveau, ni le charisme des premiers nommés.

A la vue de la production ”Dingue” on peut se demander si ce programme restera longtemps présent dans l’esprit des circophiles, tant le niveau du spectacle m’a semblé léger voir routinier.

Est-ce le niveau de nos artistes qui a baissé ? Surement pas, on n’a jamais eu autant d’écoles de cirques et d’élèves se destinant aux arts de la piste.

Est-ce foutu Covid qui a fait que les artistes concoctant ce programme ont l’air de s’en débarrasser le plus rapidement possible? Ils ont peut être peur d'être contaminés et communiquent peu avec le public ? Certains artistes faisant même le minimum syndical sur la piste.

Il y a plus de 60 ans sur cette même piste on pouvait applaudir selon les programmations les tigres de Gilbert Houcke (voir blog13/12/2011), Alex (voir blog20/12/2011) & Zavatta (voir blog17/05/2015), les éléphants de Sampion Bouglione (voir blog16/05/2019), Pipo Dario & Mimile (voir blog13/05/2011), les 10 lions de Jeannette Mc Donald (voir blog15/06/2013), Albert Fratellini (voir blog18/05/2015) avec Maïss (voir blog02/06/2013)  & Manetti (voir blog12/06/2013), Gipsy Bouglione (voir blog07/06/2019), les Rudi-Llata (voir blog08/05/2011), les Antarès (voir blog27/11/2016), la poste d’Emilien Bouglione (voir blog20/12/2014) et que sais-je encore. Epoque bénie du cirque sous toute ses formes !

Peut-être certains vont trouver que je suis bien critique aussi donnons-nous rendez-vous dans 60 ans pour savoir si c’est les artistes de Dingue vont comme ceux des années 50-60 cités plus haut,, marquer l’histoire de la piste. 

De plus à cette époque le cirque avait une odeur, les confiseries aussi. Même aujourd’hui la Barbe à Papa chez Bouglione est enveloppée dans du papier, plus rien ne vient chatouiller notre nez et ”c’est dommaaage” comme pourrait dire Totti (voir blog20/11/2021) la vedette de ce programme, qui comme à chaque fois apporte dès sa première entrée musicale, avec la complicité de l’excellent et sobre Michel Palmer, sa touche de bonne humeur et de folie en incitant les spectateurs à danser et chanter créant ainsi une ambiance digne d’un concert de pop star. Heureusement qu'il est présent....

Mais bon on ne se refait pas et l'année prochain on reviendrait en espérant revoir du grand et bon cirque....