Pipo, Nicky-Tony et Flora
Cette famille d’origine hollandaise représente à elle seule une histoire du cirque européen du XX° siècle, avec à la clef quelques artistes de premier plan qui ont brillé au firmament de l’art clownesque comme Henny (1923-2011), la femme meneuse de revue des Bario ou son grand cousin Gustave-Joseph, le célèbre clown Pipo (1891-1970).
Mais commençons par le début. Enfant de la balle, Gustave-Joseph Sosman nait en 1901 en Belgique, à Ypres dans une famille d’acrobates et de voltigeurs équestres. Il faut dire qu’être né Sosman outre-quiévrain, est synonyme de cirque. Ainsi Philippe Sosman son grand-père, est un dresseur de chevaux reconnu et avec sa famille composée de pas moins de quatre filles et huit garçons (Léon, Edouard, David, Martin, Louis, Jean, Tony, et Maurice) et de son épouse Elizabeth Dassie une danseuse de corde, il fonde le Grand Cirque Sosman, une semi construction fort prisée qui va tourner jusqu’à la première guerre mondiale. Si Léon l’aîné décède au régiment, le second Edouard est un écuyer et dresseur de chiens réputés. Tous les autres, (sauf Tony un auguste au nez volumineux fait de pate rouge sur une figure blanche, et Martin un sauteur à la Batoune), vont se spécialiser dans les exercices de dressage et de voltiges équestres pour former l’essence du cirque familial.
La mère du futur Pipo se nomme Rebecca de Leeuw, son père est Edouard le cadet du clan Sosman. Il dirige l’une des premières troupes d’écuyers et d’acrobates du pays et, c’est tout naturellement que le jeune Gustave-Joseph va dès ses 3 ans débuter sur la piste familiale dans une pantomime intitulée ”20 ans après”, jouant un enfant enlevé par un gorille. Puis à 7 ans à Liège, au Cirque des Variétés il devient le plus jeune écuyer du monde, démontrant habillé en jockey des dons pour la voltige équestre.
Tout en se familiarisant avec l’art équestre, il va apprendre au côté de son oncle Tony Sosman (1894-1930), les rudiments de la comédie clownesque en s’essayant aux deux genres (auguste et blanc), ce qui va lui permettre de tenir selon les nécessités l’un ou l’autre rôle. Après avoir dans un premier temps été le blanc de son oncle Tony, Gustave-Joseph quitte à 20 ans le giron familial pour travailler au cirque Pauwells où il devient l’auguste d’un jeune barriste né à Verviers Maurice Lejeune dit Boby, (un clown qui plus tard va faire équipe avec Willy Dario). Chez Pauwells ce duo va rester deux ans avant d’être embauchés pour trois années au Zoo Circus.
L'auguste Pipo
Devenu Pipo, il rejoint en 1928 le Cirque Ancillotti-Plège où il va retrouver ses cousins Léon dit Léoncio et Martin dit Nicky, les fils de son oncle Jean Sosman. Tous trois vont former le trio Sosman qui va se produire en Europe, mais aussi en Amérique Latine continent où ils vont être présents pendant sept ans. Au retour de ce long périple Léoncio, le blanc quitte le groupe. Un nouveau trio se constitue. Nicky (l’auguste) profite de l’occasion pour changer de pseudonyme et reprend le sobriquet de Tony, en souvenir de son oncle mort en 1930. Un nouveau trio se constitue proposant l’entrée ”Ouvertes ou Fermées”
Dans un premier temps la clownesse Flora Fernando les rejoint puis cette dernière va être remplacée par le clown allemand Ino Wolny. Ce dernier, s’entendant difficilement avec Tony, se sépare des Sosman. Et comme aucun des deux cousins ne se décide à endosser le sac du clown, Martin, alias Tony décide alors de monter un numéro d’excentrique musical avec Hendrika Jacoba Beukers dite Rita une musicienne originaire d’Amsterdam, qui dans le civil est depuis 1923 son épouse. Si dans ce numéro musical Pipo a sa place, il préfère néanmoins trouver au cirque De Jonghe un emploi d’auguste.
Dans la foulée chez Sarrazini il accepte d’endosser les habits du clown blanc. Engagé en 1938 au cirque Royal de Bruxelles, Pipo a comme complice Libot. Gustaaf Demyunck le directeur de cette prestigieuse piste bruxelloise lui demandealors d’être l’auguste de Maïss dans l’entrée de la ”Voyante”. C’est un succès et le duo se produira pendant une année à l’Olympia Circus mais aussi au Coliseu di Recreios de Lisbonne C’est en 1939 que Pipo va endosser à la demande du directeur hollandais Carl Strassburger définitivement l’habit de lumière en devenant le faire valoir de Rhum (1904-1953) que la déclaration de guerre a laissé sans complice. Avec un tel partenaire Pipo va prendre une autre dimension et le clown blanc qui sommeille en lui va enfin se révéler.
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