Comédien populaire s'il en fut, ayant tourné dans une centaine de films français comme "Hotel du Nord", ”Les Enfants du paradis”, ”Razzia sur la chnouf”, ”Les 400 coups”, ”Week-end à Zuydcoote”, ”Le Train”… Albert Rémy débute sa carrière au cirque, avant de se tourner vers le théâtre comme décorateur dans un premier temps, car il se destine à l’architecture et à la peinture.
C'est Gilles Margaritis (voir blog15/10/2015) qui lui fait découvrir la piste où tous les deux créent le numéro des "Sœur Hortensia", sketch de deux vieilles filles musiciennes, avant d’être les compères dans l'entrée de la Ford en Folie (voir blog22/11/2016).
Gilles Margaritis rappelle dans son livre ”La Piste aux Etoiles” (voir blog03/04/2020) le principe de fonctionnement du dit véhicule. ”On poussait un grand cri, la voiture démarrait. On poussait un second hurlement (en direction du phare gauche c’est capital). Deux membranes ultra sensibles étaient fixées, dans les phares. Sous l’effet des ondes sonores, elles vibraient, provoquaient un contact électrique. L’un déclenchait le démarreur, l’autre coupait le contact. L’effet était garanti”. Notons que c’est Albert Rémy qui trouve en M. Savary, un garagiste capable de bricoler la voiture.
Ce numéro joué le 10 mai 1940 la première fois devant 48 spectateurs, parmi lesquels l’acteur François Périer, le jour de l’offensive allemande à travers la Belgique et les Pays-Bas, va tout de suite après être remisé. La voiture et le sketch ne ressortiront qu'en 1943, après des mois et des mois au music-hall où, Rémy et Margaritis se sentaient nostalgique de la piste ronde. Et toujours grâce aux relations d’Albert Rémy, qui avait un copain boulanger qui connaissait un copain garagiste du côté de Ris-Orangis, le plein fait, le véhicule après bien des péripéties arrive rue des Martyrs.
Mais cette essence réservée pour les avions de la Luftwaffe, ne convient pas toujours à la délicate Ford, qui quelques fois, et cela est arrivé une bonne douzaine de fois, crache, tousse pour finalement s’arrêter. La première fois relate Margaritis : ”nous sommes restés une seconde décontenancée, puis Rémy a réagi le premier. Il a donné un grand coup de pied dans la voiture, très naturel, comme si cet incident faisait partie du programme. Il m’a glissé, pensant aux spectateurs :
”Occupe-les, pendant que je démonte le carburo…
”C’était aussi un excellent mécanicien. A la longue, on s’était habitué aux pannes. Elles avaient fini par prendre place dans le numéro…”
Metteur en scène, comédien, décorateur Albert Rémy avait aussi une autre corde à son arc, comme on le voit c’était un excellent mécanicien, qualité qui lui a beaucoup servi lors de ses passages sur la piste ronde.
Mais un soir en 1943 Louis Daquin, se trouvant dans la salle, le remarque et décide de l'engager pour le film qu'il tourne, ”Madame et le Mort”. Et c’est ainsi que la piste va perdre un artiste mais le cinéma gagner un acteur…..