Lorqu'ils arrivent France , après avoir franchi la Manche en 1868, Georges et William Pinder ne parlent pas la langue et ne connaissent pas le pays. Ils doivent se faire comprendre par des gestes et des signes, ce qui n’est pas toujours évident. C’était sans compter sur la chance qui va s’appeler Lewis Lewy, un personnage pittoresque né dans les années 1840, de nationalité inconnue,baragouinant l'anglais et voyageur de commerce de son état, vendeur en vins fins, cognac, champagne et autres spiritueux.
Un chapeau haut de forme en soie noir au sommet du crâne, des yeux malicieux encadrés par une barbe frissée et par d'impressionnantes bacchantes, une pipe sculptée à son effigie en écume de mer à la bouche, une canne dont la poignée est faite d’une dent d’ivoire d’un quelconque animal, un gilet barré d’une lourde montre agrémentée de breloques diverses et variées, bref le bonhomme ne passe pas inaperçu.
Une réelle amitié va le lier aux Pinder pour qui il va exercer le métier d’avant courrier, ou plutôt d’Agent général, fondé de pouvoirs comme l’indique sa carte professionnelle.
Pour ce cirque d'origine britannique, Lewy Levis va parcourir la France entière aux rênes d'un attelage personnel conduit par deux splendides chevaux. Pour exercer sa mission notre avant-courrier a une méthode très personnelle. Une fois arrivé dans une ville où le cirque va se produire quelques jours plus tard, il commande dans le meilleur hôtel une bouteille de fine champagne et, ainsi attablé tel un grand seigneur, il va recevoir les édiles de la ville et les fournisseurs un verre à la main pour traiter convivialement les affaires pour lequel il est venu.
Lewis Levy va remplir cette fonction d'avant courrier jusqu’ à 1921, année de son décès. Puis Georges Lefevre et Arthur Pinder vont les remplacer pour cette tâche, mais il faut le dire avec une approche beaucoup moins théâtrale.