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Un film de 1950 signé Pierre Billon, ”Au revoir M. Grock” (voir blog21/02/2012) relate la vie d'Adrien Wettach, célèbre dans les annales du cirque sous le nom de Grock, clown suisse mondialement connu. Cette œuvre servait essentiellement à mettre en valeur le numéro final de la vedette.

Le journal Le Monde à l’occasion de la sortie de ce film, a fait paraitre un article le 2 août 1950 dans lequel le journaliste J.-M. Th. évoque l’image que véhiculait cet artiste et le pourquoi de ce film qui semble pour le moins tout dédié à sa gloire. Mais le mieux est de le lire pour s’en faire une opinion.

”Méfaits de l'adulation et de la vedette aux dépens du cinéma. Un clown se penche sur son passé. Nous savons que c'est un grand artiste, qu'il a " amusé des princes et des rois ". Nous l'aimons bien. Mais pourquoi est-on allé lui demander de nous raconter sa vie ? Qu'y avait-il de séduisant pour un cinéaste dans une biographie de M. Grock ? Qu'y avait-il d'attachant, Pierre Billon, dans le " scénario original et dialogues " de MM. Nino. Costantini et Bluette. Christin-Falaize ? Un nom ? Ce n'est pas toujours suffisant.

”D'abord l'histoire est confuse. Ce jeu dangereux des souvenirs commence en août 1939. Au premier coup d'œil pointe le pinceau sentimental venu cueillir l'émotion dans le temps commode des incubations de guerre. Grock a déjà ses allures de businessman, portant cheveux blancs et lunettes d'écaille sur son long visage buriné. Parce qu'il croise sur la place de son village suisse un enfant qui s'appelle Adrien, voilà le grand saut en enfance, voilà ressuscité le petit Adrien Wettach, fils d'horloger.

”Alors ce sont les longues accoudées au rebord de la fenêtre pour voir s'en aller les roulottes de saltimbanques. Et c'est la fugue, un soir, sur la pointe des pieds, jusqu'au cirque ambulant en représentation au village voisin. Et c'est le gros plan du visage de gosse, humant de tout son être la piste aux bonnes odeurs. Et c'est l'adolescent de dix-huit ans qui s'en va à pied sur la route à la recherche de ses débuts.

”Oh ! c'est sûrement tout cela l'histoire de Grock, puisqu'on nous le dit. Histoire bien sommaire. Il faut admirer Pierre Billon d'avoir réussi à rendre visibles de tels tableaux. Rien à fouiller, rien à créer. Au contraire toujours effleurer, toujours se retenir par peur du chromo insupportable. Rude épreuve pour un réalisateur même chevronné. Celui-là s'en tire. Ouf !

”Et Grock ? Il est en tête de la distribution, cela va de soi. Quand on ne le voit pas on l'entend. On lui a confié un rôle de récitant dont il se tire avec une voix triste, lasse, de cette lassitude un peu pontifiante des hommes conscients de leur réussite. Quand on le voit, c'est mieux, c'est beaucoup mieux. Il s'acquitte très simplement de la fonction du bon monsieur, ami des enfants de tous les pays. Il vient les visiter et les distraire sur les lits d'hôpital où la guerre et les bombardements les ont couchés. C'est un père. Autour de lui Georges Chamarat et Héléna Manson campent des parents factices. Suzy Prim fait une rentrée dans un rôle aussi inutile que celui de M. Henri Cassidy, reporter authentique de la N.B.C.

”Restent les numéros de cirque pur. Alors il prend envie de pardonner tout le reste. Lorsque Grock, même pour la caméra, aiguise de blanc son menton en triangle, coiffe sa calotte, incurve sa bouche d'une joue à l'autre et noie sa silhouette dans le manteau-sac, on ne résiste plus. Ce quart d'heure entier où l'opérateur maintient son objectif sur notre clown, lors de la soirée d'adieux à Medrano, reconstituée, emportera bien des suffrages. Ce cirque-là est photogénique, sans doute parce qu'il n'a besoin d'aucun artifice. Il reste Grock et le public - pas le public de figurants réunis sur l'écran pour les besoins de l'affaire - celui bien vivant de la salle de cinéma, qui riait, qui riait...”

Tout a été dit il n’y a rien à rajouter. si ce n'est que Grock aimait bien se raconter aussi on lui doit plusieurs versions de sa vie avec cet autre film Grock, la vie d'un grand artiste, tourné en 1931 par Carl Boese avec notamment Gina Manès (voir blog02/10/2011) qui lors d'un representation au cirque Medrano où elle s endossé l'habit de dompteuse, elle se fait salemet crocheter par un des tigres de Roger Spéssardy, le 15 novembre 1942 (voir blog

 

Tag(s) : #Cinéma
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