Sheriff, ou Chérif voire Shéril, on trouve les trois orthographes, le plus jeune des frères Amar, est le seul à avoir eu un destin hors de la piste la piste familiale.
Cependant dans un premier temps et à huit ans il présente un groupe de lions, puis comme ses frères Sheriff fait partie de l’aventure de la Ménagerie Amar, fondée suite au premier conflit mondial.
Lors de la seconde guerre mondiale, 3 cirques Amar voyagent en même temps : "Le Grand Cirque" de Mustapha, le "Cirque international" d’Ali et le "Nouveau cirque de Paris" dirigé par Ahmed et Sheriff.
En 1943, après de longues et douloureuses discutions avec ses frères et sa mère, Sheriff prend son autonomie pour créer, avec Emilienne Catays son épouse une ancienne voltigeuse, son propre établissement. Suite à l'accord familial, Sheriff reprend ses parts dans la société Amar sous conditions : qu’il n’utilise que l’enseigne "Nouveau Cirque de Paris" (voir blog16/10/2010), et qu’il ne fasse aucune concurrence à ses 3 frères.
Emilienne Amar femme énergique sut alors s’entourer de personnel chevronné et compétent pour la seconder et va proposer des programmes inégaux non sans succès cependant. Un chapiteau de 40 m de diamètre et du matériel transporté par 26 véhicules forment l’ossature du cirque.
Les premières représentations se déroulent en mars 1946 à Paris "Porte Maillot" avec en vedette Germain Aéros (voir blog07/10/2018), puis viendront un plus tard fouler la piste du "Nouveau cirque de Paris": les clowns Rex & Quito (voir blog26/05/2015), la trapéziste Andrée Jan (voir blog12/05/2011), l’acrobate aérienne Chrysis de la Grange (voir blog21/03/2015), le dompteur Johnny de Kock avec son groupe de panthères ou le capitaine Jim Roose…
Shérif et Emilienne Amar firent en 1949 une tentative sans lendemain d’un "Super Cirque de M. & Mme Amar" un chapiteau 3 pistes, 1 hippodrome et 14 mats qui, d’après Dominique Denis dans son livre "Les Cirques des Frères Amar", "gâchaient la vue aux braves cochons de payants" et côté clinquant une cage carrée en argent pour présenter les félins. A la fin de la tournée Emilienne et Sheriff se séparent.
Il faut dire que Sheriff a fait la connaissance de Jeanne Louise France Corfdir plus connue sous le nom de Jeannette Mac Donald (voir blog15/06/2013), une célèbre dompteuse avec qui il va désormais vivre. Amar jeune n’ayant plus de cirque à diriger, va se produire sur des pistes de la concurrence, C’est ainsi que le 21 décembre 1951 lors d’une représentation à Paris du "Cirque de la Jungle" dirigé par Marfa la Corse, et installé place d'Italie le belluaire se fait accrocher la main droite par Timio, un tigre de plus de 400kg. C'était sa onzième blessure relate le journal Le Monde.
Avec sa compagne, qui sera de la tournée 1957 du cirque Amar où elle présentera un groupe de neuf lionnes et un mâle, il travaille tout en continuant à former jeunes dompteurs.
En 1962 suite aux accords d’Evian suivis du vote d’autodétermination, l’Algérie devient un pays indépendant. Shériff en 1964, va alors dans le pays de ses ancêtres paternels, être nommé directeur général du "Grand Cirque National Algérien", établissement subventionné par le ministère du tourisme algérien. Au programme deux vedettes : Marfa la Corse et ses tigres et Jeannette Mc Donald présentant un groupe de lions. L’année suivante le programme, proposant une importante ménagerie, est présenté dans la version 3 pistes. Pour une tournée dans le Maroc Espagnol, avec en vedette Rex Bormann, l’enseigne devient "Grand Cirque Amar" taisant ainsi le qualificatif algérien. Cet établissement va tourner jusqu’en 1974, année où Sheriff est engagé pour présenter ses lions lors de la tournée française du cirque Sabine Rancy.
Sheriff retiré des pistes, après avoir dirigé plusieurs zoo dont ceux de Niort ou de Fréjus, s’éteint à Bordeaux le 19 avril 1978 après une vie dédiée aux fauves et au cirque.
Pas toujours facile, Sheriff Amar fut un bon dresseur mais selon Christian Berhaud et Jean-Claude Lucet, dans leur livre consacré au Cirque Amar, Le Masque Edition (voir blog29/11/2010) " Sheriff avait de réels dispositions qui ne s’accompagnaient pas forcément de la capacité à les utiliser avec réalisme. Dernier de la famille, sa conduite reflète une incapacité à y trouver sa place autrement, entre deux aventures professionnelles. Travailleur, il monta de beaux cirques, mais confiant trop au nombre de mats et à la splendeur de l’affichage, le soin de les gérer sainement." Autrement dit la gestion n’était sa tasse de thé et c'est bien dommage...