Pour réaliser un bon festival circassien plusieurs ingrédients sont indispensables. La diversité des numéros est primordiale, alternant ceux qui font frémir, ceux qui étonnent, ceux qui émeuvent, ceux qui font rire, ceux qui attendrissent et même ceux qui troublent. Et cette année les bénévoles massycois de l’A.F.I.C.M. sur la houlette bienveillante de Bata Gluvacevic ont coché toutes les cases. Pour ce 27ème festival on peut voir des numéros excitants et pour la plupart inédits du moins en région parisienne, habillés par de somptueux éclairages et bien mis en piste. De plus les artistes sont disponibles pour venir à l’entracte parler, se faire photographier avec les spectateurs ou simplement signer des autographes.
Un petit bémol tout de même, la Mme Loyal du Festival, Carrie Harvey (voir blog22/01/2016) . Si cette Ringmistress britannique est indéniablement sympathique et souriante elle a, il faut le reconnaître, des problèmes récurrents avec le français. Et à la longue son manque de vocabulaire devient bien flagrant. Devenue depuis 2016 une des présentatrices les plus demandées en France (Domont, Les Mureaux, Massy, Marmande, Saint-Paul-lès-Dax…) il serait peut-être utile que les organisateurs lui demandent de se perfectionner dans la langue de Molière et aussi peut être de modifier un peu sa garde-robe qui reste la même depuis plusieurs années.
Côté garde-robe, par contre le dynamique et jovial Totti (voir blog3/12/2013) déjà invité à Massy en 2014, l’a cette année non seulement renouvelée, mais nous a aussi gratifié de nouvelles entrées, seul ou avec sa petite famille. Un beau moment où Charlie et Maxim, ses fils montrent que bon sang ne saurait mentir. L’entrée "les héritiers du rire attendrit le public, qui lui octroie si justement son prix.
Comme chaque année, des Pistes d’or, d’argent et de bronze ont été attribuées (voir blog14/01/2019) et cela n’a pas dû être aisé pour le jury tant le niveau cette année était relevé.
Alors voyons.
La piste d’Or animaux est revenue à Louis Knie Jr. descendant de la célèbre famille du même nom, trophée qui récompense non seulement le beau carrousel rassemblant pas moins de 21 chevaux, mais aussi sa présentation originale de 6 vaches ainsi que la poste hongroise réalisée avec le concours de Sara Biasini-Berousek. Une telle cavalerie tant par la quantité que par la qualité que l’on aimerait plus souvent voir sur les pistes, car n’oublions pas le cirque est né du cheval.
La Piste d’or visuelle a été attribuée au Duo 2-Zen-0 (2 anneaux) formé par Marie-Eve Bisson et Jonathan Morin présentant à l’aide d’une roue croisée et à 10 m de haut, un adagio sensuel proposant, tout en maîtrisant les risques, une série d’enchaînements où esthétismes et technique rivalisent pour le bonheur du spectateur.
La piste d’Argent animaux est remise au dompteur de lions et tigres Tom Dieck Jr. qui a profité de la remise des prix lors de ce 27ème festival de Massy pour annoncer, suite au travail de sape des animalistes, qu’il arrêtait de travailler avec les fauves. Un déchirement pour un artiste qui côtoie ces animaux depuis l’âge de 6 ans et une bien triste nouvelle pour les amateurs de cirque avec animaux.
La piste d’Argent visuelle et Prix du Club du Cirque sont revenus à la blonde anglaise Laura Miller pour un numéro très tendance, combinant l'espace aérien et l'élément aquatique, et qui a plus sa place dans un music-hall ou un cabaret que sur une piste. Mais bon c’est ça aussi la diversité…
La piste de Bronze animaux a été empochée par Sandro Montez, un ex dresseur (zèbres, otaries, rhinocéros, girafes, éléphants…) de chez Pinder, qui nous propose une troupe canine prête à se donner à fond pour jouer à un rythme débridé avec son maître.
La piste d’e Bronze visuelle pour le fildefériste Nicol Nicols qui maîtrise avec élégance tous les équilibres sur fil et qui termine son numéro par des saltos avant et arrière sous le regard d’Havi sa pulpeuse partenaire.
Le Prix de la Ville de Massy revient à Cheng Long un artiste chinois qui présente un irréel numéro de Rola rola qu’il corse à la fin avec une planche asymétrique pour proposer des jets de bols et de cuillères qui atterrissent sur sa tête. Incroyable mais vrai.
Le Prix Bretagne Circus pour l’américaine Kaely Michels Gualtieri qui avec son numéro de trapèze à grand, a fait frémir le public tant ses rattrapes sont audacieuses et fougueuses en alliant grâce et dynamisme. Signalons que cette artiste est aussi actuellement étudiante en chirurgie. Assurément une trapéziste pas banale.
Le Prix Joseph Bouglione alias "Zézé le magnifique" (voir blog29/11/2014) le parrain de l’édition 2019, revient Shuang Jian pour un numéro d’équilibres sur cannes.
Un regret pour Xavier Bouyer, qui avec un numéro utilisant les mêmes agrès qui est reparti de Massy sans gratification, mais son numéro de pompes au sol a dû en rendre plus d’un envieux.
Nous n’oublions pas les Australiens les Messoudi Brothers qui en proposant deux prestations fort différentes un quatuor de force & un trio de jonglage repartent avec un vase de Sèvres représentant le Prix du Président de la République.
Complètent ce copieux programme Vlad et ses 6 chats Angora, Marco Antonio Penagos et ses Hula hoops, le jongleur Zdenek POLACH (Prix Spécial Carmen Rodin), l’impétueuse Tamara Khurchudova (trapèze et antipodiste aérien), les grandes illusions de Nicolas del Pozo et la contorsionniste Sheyen Caroli.
Oui un belle manifestation circassienne qui montre que Massy reste un festival de cirque animalier, mais encore pour combien de temps ?
Notre époque aime caresser les chimères, dont certaines peuvent à la longue se révéler perfides. Une des plus inquiétantes est celle que l’on nomme le politiquement correct, sorte de pensée unique du XXI° siècle. Doris Lessing, Prix Nobel de littérature n’indiquait-elle pas, que "le politiquement correct est la plus puissante tyrannie des esprits dans ce qu’on appelle le monde libre." Or la tendance actuelle à vouloir à tout prix bannir des pistes les numéros avec animaux est un bel exemple de cette tyrannie de l’esprit que l’on pourrait nommer "la piste correcte". Or le cirque, "ce rond de paradis dans un monde dur et dément", comme aimait le dire Annie Fratellini, doit rester un espace de liberté intellectuelle, permettant non seulement aux circassiens de vivre de leur art et, pour certains avec le concours d’animaux mais aussi de ravir les amateurs de cirque traditionnel.
Aussi pour couper l’herbe sous le pied des animalistes peu respectueux du travail accompli chaque jour auprès des artistes à quatre pattes, pourquoi ne pas reprendre l’idée que vient de proposer la princesse Stéphanie, la Présidente du célèbre Festival de cirque de Monte-Carlo? Pourquoi ne pas se donner les moyens de faire reconnaître par l’UNESCO le cirque traditionnel au patrimoine immatériel de l’humanité.
Et le Festival International du Cirque de Massy créé le 1er février 1991 à l’initiative de Claude Germon le Maire de la cité massycoise à cette époque, pourrait être un des acteurs français œuvrant dans ce sens.
Qui plus que lui pourrait le faire ?
N’oublions en effet dans les années 90 (voir blog07/01/2017) et pour seulement deux éditions, Massy était connu pour organiser le "Concours de Dresseurs du Festival Mondial du Cirque de Demain". Et ce n’est seulement qu’en 1993 (voir blog 10/01/2017) qu’il allait devenir officiellement Festival International de Cirque, avec ce penchant très marqué pour les numéros avec animaux.
Etre un des fers de lance de ce projet monégasque placerait Massy à tout jamais dans le cercle des défenseurs du cirque que l’on aime, celui avec artistes à 2 mais aussi à 4 pattes…
Un beau projet....non?