The clown, par Charles Mingus

En cette période des confiseurs, moment où il arrive de chanter Petit Papa Noël, pourquoi ne pas évoquer un enregistrement de Charles Mingus (1922-1979), portant un nom bien connu du paysage circassien à savoir "The Clown".
Cet album, comprenant 6 titres ("Haitian Fight Song", "Blue Cee", "Reincarnation of a Lovebird", "The Clown", "Passions Of A Woman Loved" et "Tonight At Noon") tous composés par Mingus lui-même. Venant après l’album "Pithecanthropus Erectus" "The Clown" est un enregistrement phare de ce contrebassiste américain paru sous le label Atlantic Record.
A l'exception du titre "The Clown", enregistré le 13 février tous les autres titres le furent le 12 mars 1957, avec Charles Mingus à la contrebasse, Shafi Hadi ou Curtis Porter au saxophone alto & ténor, Jimmy Knepper au trombone,Wade Legge au piano, Dannie Richmond à la batterie et Jean Shepherd comme narrateur pour le titre vedette.
Dans le sillage de son précèdent album, Mingus semble être inspiré et offre encore en session extraordinaire. Si Une preuve supplémentaire était nécessaire pour certifier fait Mingus conçoit ses compositions comme des histoires plus que toute autre chose, alors il parait essentiel de considérer le cas du titre de cet album, titre, où l'aspect sur-scénarisé est illustré par la ponctuellement narration de Jean Shepherd et où est mis en évidence tout le sens de la dramaturgie qui raconte l'histoire d'un clown qui essaye de plaire aux musiciens comme ces derniers le font pour leur public. Mingus expose tranquillement le thème à la basse pour conduire son orchestre comme on prend le volant d'un poids lourd sur des routes montagneuses, les plateaux et faux-plats sont alors propice à de ses soli, mais la basse négocie de méchantes embardées, comme autant de descentes où les souffleurs suivent en chœur des accélérations de tempo. Lorsque le rythme devient trépidant, Mingus pousse encore l'ensemble par des cris d'exultation à l'écoute d'une masse sonore jouissive. Plus encore que chez Ellington, Mingus demande des effets de growls, de vibrations imparfaites. Avec lui le son n'est jamais totalement clair, les fioritures et parasites participant à la richesse des nuances.
Un disque à vraiment découvrir ou redécouvrir... et qui n'a rien à voir avec les arts de la piste, si ce n'est le titre...