Perte du pouvoir d’achat, baisse de la fréquentation, polémiques sur les animaux, coût exorbitant des tournées, concurrence déloyale de festivals subventionnés de cirque, tels sont les principaux arguments mis en avant par les responsables de la société d’exploitation du cirque Pinder afin d’expliquer les difficultés et le dépôt de bilan du 2 mai dernier de la Société Promogil. Si ces arguments montrent évidemment que les temps sont durs pour les cirques, il en est de même pour tous les spectacles non subventionnés, mais tous ne sont pas obligés de déposer leur bilan. De plus proposer pour éviter la mort de ce cirque itinérant comme seul remède, l’obtention par le ministère de la Culture d’aides publiques, peut sembler relever de la chimère.
La cause principale semble essentiellement provenir d’une baisse constante du chiffre d’affaires, autrement une diminution années après années du nombre de spectateurs. Ainsi dès 2009 on constatait déjà un important tassement avec le départ de Jean Arnaud (voir blog8/11/11), spécialisé dans la partie très stratégique des Arbres de Noël et Comités d’Entreprises, parti monté sa propre entreprise Circus Promotion. Quelques chiffres à avoir à l’esprit. Ainsi en 2009 le chiffre d’affaires représentait plus de 10 millions d’euros et, en 2016 il était inférieur à 6 millions d’euros. Par contre dans le même temps il est évident que les charges d’exploitation n’ont pas diminuées.
Devant cette situation une question vient à l’esprit, comment expliquer ce déficit important de spectateurs ? Si on écoute Gilbert Edelstein il s’explique principalement par la baisse de fréquentation des écoles. "En trois ans, ajoute-il on est passé de 450 000 spectateurs scolaires par an à même pas 100 000, l'année dernière". Mais alors pourquoi les écoles ne viennent-elles plus autant ? Est-ce dû à l’application du plan Vigipirate mis en place suite aux attentats, ou à cette semaine de 4,5 jours si décrite par le PDG de Promogil, qui plombent les comptes de ce cirque ?
Pinder c’est, selon Frédéric Edestein, 30 000€ de charges par jour. Multiplier cette somme par le nombre de jour de l’année, il est facile de comprendre qu’un chiffre d’affaires de 6 millions n’est pas suffisant. Et remettre 2 millions comme a fait Gilbert Edelstein ne peut durer qu’un temps. Il en serait de même avec une aide publique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets.
Soyons sincères. Trouvons-nous que depuis plus de 10 ans les spectacles présentés par Pinder, hormis peut-être le numéro de Frédéric Edelstein (voir blog12/04/13) le dompteur maison, soient très stimulants et inédits ? Ne rejoue-t-on pas année après années le même spectacle ?
Là où d’autres, tels Arlette Gruss ou Bouglione proposent des productions avec orchestres, costumes, lumières et mise en piste sophistiqués, Pinder se contente d’une bande son et d’un assemblage de numéros se suivant sans fil rouge et sans trame imaginative. Oui depuis quelques années le public circophile a eu l’habitude d’un spectacle plus inventif plus féérique. Etape que Pinder a complètement oubliée. Bref ce cirque ne fait plus rêver.
Et c’est d’autant plus dommage car dans la famille Edelstein, il y a une dénommée Sophie (voir blog27/03/13) qui a un incroyable talent tant pour les grands spectacles que pour la mise en scène, on le voit bien avec ses spectacles de magie qu’elle propose. Pourquoi ne pas avoir utilisé son gout du spectacle ?
Autre exemple la communication visuelle, sur les dernières années elles semblent toujours la même. Et comme on connait l’importance de la com’ à notre époque on peut se demander si elle n’est pas aussi à revoir ?
Nous savons bien que les conseillers ne sont pas les payeurs, mais pour qu’une entreprise soit rentable il faut proposer un produit qui plaise aux consommateurs, car c’est lui à la fin l’acheteur ? Il en est de même pour le spectacle vivant.
Aussi pour faire revenir les spectateurs sur les gradins de Pinder, cirque mythique qui ne doit pas disparaître, il faut revoir les spectacles proposés, la mise scène, la communication... Les programmes de Pinder apparaissent aujourd’hui totalement essoufflés et dépassés et j’ai la faiblesse de penser que Sophie Edelstein, que je ne connais pas, pourrait être fort utile pour redresser l’image un peu vieillotte de cette institution qu’est Pinder...
Et sans de telles mesures spectaculaires, j’ai bien peur que toute autre action soit comme un cautère sur une jambe de bois.
Qu’en pensez-vous ?
J’attends vos commentaires…