La société parisienne "Millon & associés" a procédé le 26 janvier 2009 à une vente aux enchères dans laquelle se trouvaient plus de 200 tableaux signés Edmond Heuzé (voir blogs 24/04/2012 & 08/01/16) dont plus d’une centaine avait comme thème les clowns, les écuyères, les acrobates, les trapézistes… autrement dit des scènes de la vie du cirque. Dans cette adjudication se trouvaient pas moins de 25 œuvres où Albert, François ou Albert Fratellini (voir blog18/05/15) étaient présents et bon nombre d’aquarelles, huiles, gouaches, pastels étaient situés chez Medrano (voir blog07/04/11) le cirque des Clowns.
Témoin cette huile sur toile (97 x147 cm) exposée en 1952 à la Galerie Charpentier à Paris ou l’année suivante à Londres à la Galerie Wildenstein, qui représente une très célèbre entrée de l’art clownesque : "La Corrida". Les Fratellini après d'autres, avec leur nombreux enfants s’y illustrèrent et en ont fait un grand et démentiel spectacle qui faisait courir le tout Paris. Pierre Robert Levy (voir blog02/12/15) relate dans son livre "Les clowns et la tradition clownesque" avec bonheur ce classique à la sauce Fratellini, aussi laissons-lui la plume. "La Cuadrilla défilait dans le plus burlesque accoutrement, saluée par les dignitaires clownesques de la loge royale installée au bord de la banquette. Le taureau, animé par deux occupants, soufflaient à travers ses naseaux de furieux jets de farine. Il ne tardait pas à percuter les picadors. Paul et Albert, montés sur des chevaux-jupes qui perdaient aussitôt leurs intérieurs en forme de jambons et de saucisses… En guise de tableau final le taureau culbutait tous les notables de la loge d’honneur avant de venir affronter la muleta et l’épée du matador François."
Le tableau d’Heuzé illustre à merveille cette description, même si Albert et François semblent avoir quitté la piste, le premier est décédé en 1940 et le second en 1951. Le notaire, le rôle dévolu à Paul se cache derrière son chapeau et le toréador n’a nullement la silhouette gracieuse et légère de François. Cette huile solide et fraîche, peinte certainement après le décès de ce dernier, permet de retrouver l’ambiance colorée des vastes pistes jaunes, qui a fait de cet artiste peintre un chroniqueur imcomparable du monde de la piste.
"La Corrida", façon Fratellini fut si populaire dans l’entre-deux guerres, que d’autres illustrateurs comme Marcel Prangey ou Fernand Fernel l’on immortalisée, mais ceci est une histoire…