"Varekai" à Bercy, non à Fort Knox
Ce spectacle du Cirque du Soleil (voir blog18/11/2016) se glorifie d’entraîner les spectateurs, au beau milieu d’une forêt enchantée, peuplés d’étranges primates. Et c’est vrai, nous sommes accueillis par d’étranges créatures à la mine patibulaire, les cerbères de services de cette ancienne salle omnisports. Aussi pour y accéder, il nous faut non seulement accepter deux fouilles, dont une au corps et, si on a eu le malheur d’apporter une bouteille d’eau, se voir confisqué le bouchon. Et comme chacun le sait c’est vraiment commode de conserver une bouteille remplie d’eau sans bouchon ! Mais que ne fait-on faire aux vigilants surveillants pour vendre aux spectateurs d’un soir des boissons coûteuses.
Et n'oublions pas cette situation kafkaïenne, une spectatrice venant directement de son travail avec son badge professionnel, l’affable vigile l’a démagnétisé (le badge pas la spectatrice) en le passant volontairement à son détecteur de métaux… Et oui hier vendredi 8 décembre, il me semblait entrer plutôt à Fort Knox, lieu où est entreposée la réserve d'or des États-Unis qu’à Bercy, désormais Accor Hotel Arena appellation commerciale de l’ancien P.O.P.B.
Mais quelle drôle d’idée a eu ce groupe hôtelier renommé, d’accoler son image plutôt affable à cette inhospitalité ressentie par tous les spectateurs ; non V.I.P. venant un soir dans ce lieu ignominieux !
Mais comment font les Bouglione ou les Gruss eux aussi reçoivent du monde et leur accueil est toujours cordial mais attentif…
Bercy ferait bien d’en prendre de la graine… nous ne sommes tout de même en état de guerre, seulement en état d’urgence… et pas encore dans un régime autoritaire... et ce type pourrait le faire croire...
Et c’est vrai qu’avec une telle réception l’ambiance est à coup sûr assurée. D’ailleurs Steven Bishop et Emily Canagher, les excellents comiques du spectacle, ont au départ eu un peu de mal à dérider le public encore un peu contrit par ce très chaleureux accueil "bercynien".
Alors que faut-il retenir de ce spectacle d’une durée de 1h 40 mn, nommé "Varekai" signifiant en romani langue indo-aryenne, "peu importe le lieu" ?
Les costumes, créés par la japonaise Eiko Ishioka, sont toujours magnifiques, et pour les contempler le programme débute par un défilé de mode aux sons d’onomatopées plus ou moins agréables à entendre prononcées par un personnage nommé "La Vigie" qui avec un autre "Le Guide" (tient ça va bien avec les Vigiles) sont les fils conducteurs du spectacle.
La mise en scène du québécois Dominique Champagne n’a pas la magie de celles de Franco Dragone (voir blog10/10/2015) et, comme à l’accoutumé elle entrecoupe les numéros visuels par des scènes qui ne sont pas d’une limpidité évidente mais qui permettent de laisser le temps d’apporter aux artistes le matériel dont ils ont besoin pour effectuer leur numéro.
La musique signée Violaine Corradi semble une resucée de celles déjà entendues lors d’autres spectacles du Soleil. Bref comme on voit rien de bien nouveau…
Il y a bien quelques numéros qui retiennent l’attention. Commençons par le final éblouissant, réalisé par 11 acrobates sur 2 balançoires russes, proposant à un rythme à couper le souffle, tous les types de sauts ou de pirouettes possibles. Autres moments prodigieux, le numéro d’équilibre sur cannes de la russe Alena Zhuravel, reprenant à son compte celui d’Olga Pikhienko (médaille d’argent en 1992 lors du VI° Festival du Cirque de l’Avenir), la créatrice en 2002 qui à cette époque mobilisait le regard des spectateurs, ou la prestation au filet aérien du Portoricain Fernando Miro récupérant aussi celui du prodige russe Anton Chelnokov (médaille d’argent en 2001 lors du XIII° Festival du Cirque de l’Avenir) qui l’avait créé lors d la création de cette production il y a 14 ans.
Les autres numéros sont bons mais déjà vus tant de fois. Telles les danses géorgiennes qui terminent la première partie, le charivari acrobatique qui débute la seconde partie du spectacle, les courroies aériennes trop souvent présentes, voire la roue Cyr.
Quelques originalités, le solo sur béquilles du brésilien Raphael Botelho Nepomuceno, le jonglage de bâtons de la japonaise Arisa Tanaka. Mais pas de trapèze, ni de jeux icariens car comme dit la production le spectacle évolue constamment…
Et pour finir une mention spéciale pour deux énergumènes hilarants l’américaine Emily Canagher et l’australien Steven Bishop chargés et avec bonhommie de faire rire le public. Le chanteur de " Ne me quitte pas" de Jacques Brel, toujours à la recherche de lumière restera en mémoire.
Ce spectacle bien rodé avec des prix allant de 46€50 à 80€50 attire du monde attire du monde, mais il est facile de trouver mieux et moins cher en France chez Gruss ou Bouglione.
Alors un bon conseil allez-y plutôt…
#varekai