Si Paris était au XIX ème siècle la capitale mondiale du cirque (voir blog20/11/2013), Montréal est au XXI ème siècle celle du cirque contemporain. Et cela est d’autant plus surprenant que le Québec n’a jamais été historiquement une terre des arts de la piste. En effet ce n’est qu’un certain 6 juin 1984 à Gaspé au Québec, il y a de cela un peu plus de trente ans, que le Cirque du Soleil a donné sous un chapiteau de 800 places sa première représentation c'est-à-dire celle d’un cirque authentiquement québécois.
Mais le fait que Montréal soit devenue en moins de deux décennies, la ville du cirque s’explique aussi par l’apport de plusieurs évènements mondiaux. En 1967 l’Exposition Universelle et en 1976 les Jeux Olympiques font étape à Montréal et sans le savoir, ces 2 évènements ont donné indirectement le signal de la création d’un cirque au Québec.
Avec l’Expo, les québécois perdent leur sentiment d’isolement linguistique, religieux et rural. Ils s’ouvrent au monde extérieur, et prennent gout aux spectacles proposés lors de cette manifestation. Neuf ans plus tard les J. O. ont joué aussi un rôle essentiel en introduisant au Québec la notion d’élite. En effet lors de ces Jeux sont notamment couronnés des gymnases ayant pour nom Nadia Comaneci ou Olga Korbut, athlètes qui ont donné une autre dimension médiatique et populaire à leur sport. De plus, gymnases et acrobates québécois se côtoient et s’entrainent à Montréal au Centre Immaculé-Conception (voir blog08/10/2016) des années avant que le Cirque du Soleil ne mélange gymnastique et arts de la piste. Notons aussi en 1982, car c’est une donnée importante, une tournée du Cirque acrobatique de Chine venue à l’origine pour 3 semaines et qui restera 2 mois pour la plus grande joie du public montréalais. Enfin n’oublions, le rôle de Gilles Sainte-Croix et ses échassiers de la baie, de Guy Caron –le fondateur de l’école national du cirque de Montréal- et de Guy Laliberté (voir blog30/03/2015), personnages importants car tous 3 ressentent la même envie : explorer un mode de spectacle nouveau, du moins par rapport à ce qui se fait à cette époque dans "La Belle Province". Et ainsi se dessine peu à peu dans leur esprit les prémices d’un genre pouvant rassembler à la fois l’art de la fête, le spectacle de la rue et l’acrobatie. Et c’est grâce au mixage de tous ces ingrédients que se sont construits les cirques québécois mondialement reconnus. Mais le récit serait incomplet si nous taisions l’apport important que le cirque Roncalli (voir blog24/12/2014) a eu, tant pas son raffinement que par son côté festif, sur la forme du cirque québécois.
Aujourd’hui Montréal est devenu on le voit un lieu incontournable du cirque contemporain. Non seulement les principaux cirques québécois comme le Soleil, Eloize, les 7 doigts de la main… y ont leur siège social, mais cette ville compte aussi une des meilleures écoles du monde de cirque : l’ENC (voir blog08/11/2016) ainsi qu’une remarquable Cité du Cirque : La Tohue (voir blog18/09/2013). Dans ce lieu -dépositaire du Fonds Jacob-William, une des plus importantes collections privées consacrées aux arts du cirque- on trouve notamment une salle de spectacle circulaire d'une capacité de 900 personnes, les bureaux d’En Piste, le centre d’hébergement des artistes du Cirque du Soleil, ainsi que les bureaux de la structure qui organise depuis 2010 un festival mobilisateur et novateur nommé "Montréal Complètement Cirque". Manifestation qui chaque année en juillet sur de nombreux emplacements de la plus grande ville québécoise propose dix jours de programmation cirque à son public toujours grandissant. La prochaine édition doit se tenir du 7 au 17 juillet 2017 sur 37 scènes réparties sur toute la ville.
Oui tel est Montréal capitale du cirque contemporain, ville qui vit et respire cirque et dont l’apport économique dû aux arts de la piste n’est nullement négligeable ….
#montréalcirquecontemporain