Pablo Rosenblatt et Emilie Desjardin pendant deux ans ont suivi les affres et les emballements de dix filles et quatre garçons étudiants clowns pendant leur formation au Théâtre “Le Samovar” à Bagnolet. Cette quête donne un film de souffrances et de pleurs où les aspirants clowns jouent exclusivement sur le registre cher aux Romantiques, le clown triste et accablé. Et il faut bien le dire derrière l’exploitation facile de la corde sensible l’aspirant comédien prend peu de risque car comme disait Molière “c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens”.
Formation un peu confondante avec une négation du comique, car le but de cette formation n’est pas de rechercher le rire mais d’accoucher du clown enfoui en chacun de nous. Vaste programme ! Et en regardant ce film on a plus l’impression de voir une thérapie de groupe, que de voir des jeunes artistes essayer de se familiariser en l’art de faire rire ou sourire. On peut d'ailleurs se demander ce qu’auraient pensé les Chaplin, Tati, Grock, Fratellini ou Coluche… d’un tel système pédagogique. Enseignement, où l’acrobatie, le mine, la musique semblent bien absents mais remplacés par la musicalité corporelle, la palette des émotions ou la clarté du jeu. Oui, nous avons le sentiment d’être encore dans le “politiquement correct” qui semble être la plus puissante tyrannie des esprits dans ce qu’on appelle le monde libre où, dorénavant le clown doit coller à son époque et persuader son auditoire, au cas où il ne le saurait pas, que l’on vit dans un univers en crise entouré de gens bizarres. Oui triste époque, où il n’est pas bon de rire bien que selon selon Rabelais, ce soit le propre de l’homme; mais époque pensant qu’il suffit de mettre un nez rouge pour devenir clown !