Ce film, testament de Max
Ophuls avec Martine Carol, Peter Ustinov et Anton Walbrook, est inspiré de la vie de la célèbre danseuse et courtisane qui fut l’intime de Franz Liszt et de Louis Ier de Bavière. Dans
une luxuriante évocation et à travers un fascinant cirque "barnumesque" dont le spectacle onirique est animé par une cohorte de clown (on peut voir le vieux clown allemand Donin), de nains, de
sauteurs, de trapézistes (dont Aimée Fontenay et Yves Rozec) confond souvent rêve, féérie et cauchemar.
Le scénario est construit sur l’indécence des
spectacles fondés sur le scandale, et où l’amour et la célébrité sont des marchandises négociables. L’histoire décrit une Lola Montes réduite à l’état d’animal de foire devant mimer sa propre
existence à travers une série de tableaux vivants. La vie et la représentation de la vie se mêlent et se confondent dans ce prodigieux spectacle baroque où une mise en scène éblouissante confère
une espèce de grandeur tragique à un destin à la fois pathétique et dérisoire.
Lola Montès bénéficia d'un accueil enthousiaste de la part de nombreux cinéphiles et cinéastes. Pour sa
part, François Truffaut n'hésita pas à rapprocher l'originalité de sa structure narrative en multiples retours en arrière de celle du "Citizan Kane" d'Orson Welles. En revanche, le film fut un
échec commercial retentissant et les producteurs imposèrent au réalisateur, qui décéda peu après, deux versions raccourcies et remontées contre son gré. Cinquante ans plus tard et grâce
aux efforts de la Cinémathèque Française ce film bénéficia d’une restauration qui permit de redonner vie à un film un peu oublié. Très proche de la version voulue par Max Ophuls cette
restauration permet à de nouveaux spectateurs de voir ce film mythique mâtiné il faut bien le dire d’un parfum de malédiction.