"Le cirque bouge, bougez avec lui", telle est l’accroche du visuel servant de support de communication pour la 33ème édition du Festival Mondial du Cirque de Demain. Et c’est vrais le cirque bouge, comme la société dans laquelle nous vivons. Et comme par le passé il est un témoignage des aspirations ou des inquiétudes de notre époque. Dans l’édition 2012 du Festival créé par Dominique Mauclair et dorénavant chapitré par Alain Pacherie, nous ressentons toute la peur et l’angoisse de notre époque. La Crise semble bien présente dans cette édition tant les numéros sont dépouillés au maximum et peuvent par moment semblés happés par la paupérisation. Ainsi la tendance musicale actuelle ne semble même plus à la bande musicale, mais à la suppression pure et simple de cet élément. Quant aux vêtements, ils sont très sommaires et sans paillettes, un jean, une chemise voire un short acheté certainement chez Tati. Et certains comme Anthony Weiss ont essayé d’être originaux en portant un habit que nous n’oserions pas donner à notre pire ennemi, tant il est laid. Le matériel est aussi le plus épuré possible: des balles, des massues, des diabolos, un caddie, un accordéon, des bancs en bois, un trapèze, un mât, une bascule et des sangles, c’est vous dire que le cirque de Demain rassemble comme un frère jumeau aux arts de la rue. Peu de grandes nouveautés, le cirque de Demain semble un peu uniforme, de nombreux numéros ont tété le même lait du conformiste. Ainsi on trouve affichés aux programmes: 3 numéros au trapèze à grand ballant, 5 numéros de jonglages, 4 numéros de portés acrobatiques, c’est vous dire la variété proposée cette année. Enfin peu d’artistes dans une ambiance digne d’un concert Johnny, ont le don de communiquer avec le public et laisse une impression de froideur.
Alors 2012 un mauvais cru ? Non un spectacle où manquent le clinquant, le rythme, la joie, en un mot le bonheur. Demain 2012 se partage en deux, des numéros très aboutis et tournant déjà, tel le prodigieux mât chinois présenté par Héloïse Bourgeois & William Underwood -numéro déjà vu à La Villette l’année dernière avec les 7 doigts de la Main- (voir blog31/12/11) et des idées non encore totalement abouties telle la prestation d’Ieto, numéro manquant totalement de charme.
Certains artistes ont néanmoins cassé la baraque en enthousiasmant les spectateurs par des prestations poétiques, raffinées et de très haut niveau technique. Il n’est pas possible d’oublier le charme et la beauté du Duo Paradise, le travail éblouissant à la planche coréenne du Duo Baskultoo, les contorsions de David Pereira, Cris & Iris (sorte de mini maxi humain) dans un travail de main à main, la joie de vivre de Compania Havana à la barre russe, la fougue de Baraka Juma Ferrouz monocycliste en tout genre. N’oublions pas aussi les 4 Blue Dragon aux diabolos, ni le trio de comiques ukrainiens les Koblikoff et, un américain complètement déjanté, sorti d’un cartoon de Tex Avery: Spencer Novich, le tout sous la haute autorité morale de Monseigneur Calixte de Nigremont. (voir blog04/01/11) comme toujours inégalable. Aujourd’hui dimanche la dernière représentation décernera les médailles alors attendons afin de voir si le jury comme nous a été enthousiasmé par les numéros québécois d'Héloïse Bourgeois & William Underwood (mât chinois) ou du duo Duo Baskultoo (bascule coréenne), sans oublier la grâce Ukrainienne du Duo Paradise.