Le cirque a toujours attiré bon nombre de photographes, saisir l'instant où les trapézistes se rattrapent en plein vol, après un saut périlleux relève de l'exploit, ou prendre un cliché représentant l’attente des artistes avant d’entrer en piste peut donner des photos insolites. Parmi les chasseurs d’image qui ont consacré beaucoup de leur temps à photographier les artistes du cercle magique François Tuefferd est de ceux là. La fascination qu’il a pour ce monde est né à la fin de la première guerre mondiale lorsque les troupes Gruss et Ricono qui s’étaient réfugies près de chez lui à Monbéliard où il est né, le questionne. Et cette passion lui fera rassembler des centaines de photos prises chez Amar (voir blog05/04/2011) Médrano (voir blog07/04/2011), Rancy (voir blog22/09/201)…
Son œuvre photographique dédié au cirque constitue aujourd’hui une mémoire visuelle de ce spectacle et témoigne aussi de la vie quotidienne des gens du voyage. Son attirance pour les saltimbanques, il sera même clown occasionnel, lui permettra en 1949, de suivre la tournée d'un cirque de ville en ville dans une voiture publicitaire, enrichissant ainsi son registre photographique. Le point d’orgue étant son illustration de la "Merveilleuse histoire du cirque" d’Henry Thetard (voir blog29/03/2012) En 1952 il s’envole pour l’Amérique afin de photographier le congrès d'un "circus fan" au Texas puis deux ans plus tard, il prend au Madison Garden de New York nombre de clichés du Cirque Ringling Bros & Barnum and Bailey. Mieux il assiste aux premières représentations du cirque d’Alexandre Calder (voir blog 08/02/2011) que le sculpteur met en scène dans son atelier pour le plaisir des visiteurs.
L’acuité et la tendresse de ses portraits apportent une lumière rare de la vision du cirque. Les portraits de Rhum (voir blog23/03/2011) tout comme Porto (voir blog14/04/2013) accusent le geste traditionnel de la mélancolie que leur regard empreint de lassitude lointaine confirme encore. Le portrait de Pipo (voir blog10/10/2011) surveillant par le rideau de la gardine de Medrano le numéro de trapèze, montre bien l’inquiétude du clown.
Le Musée National des Arts et Traditions Populaires à qui François Tuefferd avait fait don de cent photographies sur les arts de la Piste a organisé en 1998 une rétrospective de son œuvre photographique et circophile, un livre édité par la Réunion des Musées Nationaux retrace bien la diversité du travail de cet artistes. A signaler que toutes les collections du musée des Arts et Traditions Populaires se trouvent dorénavant à Marseille au MuCEM. François Tufferd plus qu’un photographe un chasseur d’images.