A Paris, à deux pas du Palais de l’Elysée, entre la place Beauvau et l’avenue Gabriel on trouve une "rue du Cirque", rappelant qu’au XIX° siècle un cirque avait été édifié. Non loin là, en déambulant on peut voire une plaque apposée sur le Théâtre Marigny rappelant de nouveau qu’un cirque fut construit à cet emplacement (voir blog24/02/11). De plus cette inscription fait aussi référence à un écuyer célèbre François Baucher. Revenons aujourd’hui sur le parcours de ce personnage qui au départ n’avait rien d’un homme de spectacle et bien qu’ayant décidé d’endossé le costume de scène, avait l’habitude de préciser, à ceux qui prétendaient qu’il abaissait son titre d’écuyer en se mettant en scène, "que Shakespeare et Molière avaient eu, eux aussi la bassesse de jouer leurs pièces, eux-mêmes en public".
Né à Versailles en 1796 dans une famille modeste, son père est marchand de vin, François Baucher part à l'âge de quatorze ans rejoindre à Turin un de ses oncles, écuyer du prince Borghèse et suit les leçons du maître Frederico Mazzuchelli qui lui enseignera ce qui devait devenir la base de son équitation, "annihiler toute volonté chez le cheval et la remplacer par celle du cavalier". De retour en France, il devient piqueur chez le Duc de Berry puis prend la direction de deux manèges au Havre et à Rouen. Vers 1834 se fixe à Paris où il acquiert alors une grande notoriété en se produisant entre 1837 et 1843 au Cirque des Champs Élysées, avec des chevaux brillamment dressés. Il stupéfie ainsi les spectateurs par la précision avec laquelle il les monte. Et c’est ainsi que le général Oudinot, ayant eu vent de sa méthode, envoie à Paris non seulement le commandant de Novital, écuyer en chef à Saumur, mais aussi 26 officiers de cavalerie pour suivre les cours de Baucher. En 1843, le Maître-Ecuyer se rend à Saumur où sa méthode, sous l'impulsion du commandant de Novital est alors enseignée dans le célèbre "Cadre Noir". Mais son enseignement fait polémique et une commission du Ministère de la Guerre émet un avis défavorable ce qui entraine l’interdiction pure et simple de promouvoir la méthode Baucher dans l'armée.
Revenu à sa profession de Maître-Ecuyer, en 1855 il est victime d’un grave incident, il est écrasé par la chute d'un lustre alors qu'il travaille un cheval à pied, ce qui lui entrainera un fort handicap physique (il ne peut chausser ses bottes). Cerains s’en félicitent, car peu d'hommes au XIX° siècle ont été aussi violemment attaqués que Baucher. Comme d’habitude on peut attribuer cette violente opposition à l'hostilité que rencontrent souvent les novateurs. François Baucher reste vraiment un novateur et à l'heure actuelle, les traditions qu'il a laissées servent de base, en France comme à l'étranger, à l'équitation savante, au dressage raisonné du cheval de selle. Presque tous les ouvrages publiés depuis s'inspirent plus ou moins, et quelque fois inconsciemment d'ailleurs, des principes qu'il a posés et des moyens équestres dont l'ensemble est connu sous le nom de Méthode ou Système Baucher.