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On vient d’apprendre le 20 juin 2023 le décès de la journaliste et femme de lettres Claude Sarraute (1927-2023). La fille de Nathalie Sarraute une figure clé du Nouveau Roman, connaissait bien le cirque et travailla plusieurs années au service culture du journal Le Monde. On lui doit de nombreux articles consacrés à la piste magique en tant que responsable de la rubrique spectacle.

Témoin notamment ces deux chroniques, la première date du 24 décembre 1962 et la seconde du 22 Janvier 1964 et ont pour toile de fond le Cirque Medrano. 

En matière de cirque la critique est chose ingrate : impressionniste, elle risque de ne satisfaire personne ; technique, elle passe absolument par-dessus la tête d'un public dont la moyenne d'âge, en ces jours de fêtes, atteint à peine les huit ans. À quoi servirait-il, en effet, de signaler que les trois Arata éprouvent quelques difficultés à exécuter leurs équilibres " tête à tête " sur fil tendu : leurs chutes sur le tapis-brosse n'ont rien, pour les enfants, que de fort réjouissant Le fait de les avoir vus peu auparavant réussir, à deux cette fois et sous un autre nom, celui de Francesco, des équilibres à la perche et à l'échelle mobile ne saurait frapper que les physionomistes, les experts de la piste.

Ils étaient rares l'autre jeudi dans la foule de gosses entassée sur les gradins de Medrano. Ces gosses ravis, d'avance séduits, de piètres clowns espagnols, pâles répliques des Rudi Llata, n'éprouvaient même pas le besoin de les solliciter ; ils participaient sans se faire prier aux aventures cent fois vécues de l'auguste attiré par une promesse d'héritage dans un château hanté”.

Il va falloir s'habituer, apprendre à appeler le Cirque Medrano par son nom, le nouveau, celui que lui ont donné les frères Bouglione, Cirque de Montmartre. Ils ont d'ailleurs fait preuve à cette occasion d'une assez louable discrétion. La remarque vaut aussi pour ce programme de janvier ; il porte le cachet maison : rien de fracassant, mais la belle homogénéité, la régularité, le "coulé" de tradition au Cirque d'Hiver.

Une remarque, cependant, de détail ; elle concerne la cage aux lions. Les Medrano en avait acheté une - sensationnelle - qui descendait sous nos yeux, toute montée déjà, du ciel du chapiteau. En trois secondes c'était fait. Hélas, ils l'ont emportée dans leurs bagages, et les Bouglione ont cru résoudre partie de l'agaçant problème posé par ces changements de décor à vue, en plantant leur cage avant que ne commence le spectacle. Le malheur veut qu'au lieu d'accueillir, d'entrée de jeu, ses habituels pensionnaires, les fauves, elle n'enferme d'abord qu'un malheureux jongleur. Il a beau faire : ses ballons, ses massues, ses cerceaux, ses torches, manquent d'envol, de légèreté ; on les sent tristement prisonniers de ces barreaux d'acier.”

Comme on le voit les chroniques circassiennes de Claude Sarraute, dénotaient une certaine connaissance et appétence pour la piste.

Tag(s) : #Personnalités
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