Si lors des productions passées j’avais été assez critique avec les spectacles produits par les Bouglione, cette année j’avoue qu’avec ”Fantaisie” quelque chose de changé au Cirque d’Hiver, un rien qui donne à ce spectacle une saveur inestimable, un cru de référence, un programme à déguster sans modération…Tous les artistes présents sont excellents, et même Regina Bouglione avec ses poneys semble cette année prendre du plaisir, alors c’est tout dire…
Il faut dire qu’avec ”Les Mangeurs de Lapin” (voir blog05/04/2022) les Bouglione ont gagné le gros lot. A travers cinq entrées débridées dont celle des éléphants bagarreurs ils sont irrésistibles dans leur univers absurde. Ces trois lascars devraient même être prescrits par les médecins et remboursés par la Sécurité Sociale pour combattre la dépression. De plus comparativement à ce qui se fait depuis quelques temps, nos trois loustics n’ont pour faire rire nullement besoin d’un cobaye pris parmi le public, à eux seuls avec leur dégaine cocasse ils sont drôles et irrésistibles à souhait. Gageons qu’ils viennent de signer un long bail avec les Bouglione et que dans les années futures on les réverra, tant ces trois joyeux complices ont dans leur besace moult sketchs à proposer.
Mais il n’y pas que ces joyeux drilles pour nous émerveiller. Un autre escogriffe, un certain Julot Cousin qui, avec l’insouciance de ses soixante-trois printemps nous propose sur un mât flexible à plus de 9 mètres un numéro débridé de hula hoops. Par certains côtés il nous fait penser à Germain Aeros (voir blog07/10/2018) un funambule comique qui a œuvré sur les pistes dans le courant du milieu du XX° siècle. Il faut dire que dans une autre vie Julot Cousin a été clown. Il a notamment fait partie du célèbre trio des Cousins, dont il a conservé le nom. Ce long cheminement montre que pour proposer un tel numéro plein de fraicheur et d’humour à la fois, car il faut du métier. Son travail est depuis quelques années primé aussi bien à Budapest qu'à Grenoble lors de festivals circassiens.
On a beaucoup aussi apprécié le Duo Vitalys. Ces artistes sont un pur diamant qui nous laissent baba, tant Pablo Nonato et Joël Yaicate savent allier force, hardiesse dans leur exceptionnel numéro de mai-à-main qui électrise le public de la piste de la rue Amelot.
Et que dire d’Antony Cesar, finaliste de l’émission ”La France a un incroyable talent” qui renouvelle le numéro de Sangle aérienne dans une synthèse remarquable où il mélange l’acrobatie, la force et la danse.
Quant à la jeune cubaine Lucia Martdaz au cerceau aérien, elle nous propose un beau numéro où grâce et élégance se conjuguent avec hardiesse. Elle présente entre autres un équilibre de nuque en contorsion époustouflant et de toute beauté.
Bravo aussi à Pavel Valla Bertini et ses monocycles, dont un haut de 9 mètres de haut et formé de 15 roues les unes sur les autres donne le virtige aux spectateurs. Sauts, trampoline, sauts périlleux, montée et descente de marches, sont aussi au programme.
Jimmy Saylon avec ses grandes illusions (apparitions, disparitions, malle suspendue) nous plonge dans leur univers singulier. Bravo !
Et n’oublions pas la troupe Jump’n Roll qui avec deux passages, un en début de programme chaussés d’échasses à ressort enchainant salto avant et arrière et, un autre en fin de programme où à l'aide d'une planche coréenne les trois artistes enchantent les specteurs en nous proposant un éblouissant et virvoltant numéro de voltige aérienne.
Par contre nous n'évoquerons pas malheureusement la jongleuse Lena Smaha qui n’était pas présente lors de notre venue.
Enfin n’oublions pas dans l’écrin somptueux du cirque d’Hiver, et toujours présenté avec classe, prestance et sobriété par Michel Palmer (voir blog27/03/2015), le M. Loyal maison, les Salto Dancers ainsi que l’orchestre dirigé par Pierre Nouveau (voir blog13/12/2016) qui magnifient la mise en piste signée Joseph Bouglione Jr. (voir blog27/02/2017). Fantaisie un millésime gouleyant à voir et pourquoi pas revoir.