Mme Jeanne Laurent, une grande directrice de cirque

Ce nom et ce prénom ne disent aujourd’hui plus grand-chose, mais dans les années 20 et 30 ils étaient associés aux spectacles proposés dans l’enceinte du cirque de Rouen (voir blog03/10/2017). En effet en 1926 la Société du cirque de Rouen, qui  avait fait rénover la salle et aménager les écuries, confie la direction à M. Bony et Mme Laurent. Et c’est ce duo qui va être à l’origine d’un nouveau style de spectacle, présenté avec un sens du rythme accéléré et une plus grande variété dans le choix des attractions.

Cette nouvelle direction va engager les meilleurs numéros de l’époque, de Miss Alexime, la femme projectile, en passant par les Rainat, les cyclistes Rodella Ruis et Artix, le casse-cou Cliff Aéros, aux patineurs sur glace artificielle, les Klammeck. Les cavaleries les plus belles, comme celles d’Edward ou de Glasner, caracolèrent sur la piste normande. Les fauves d’Yvanoff ou de Bouglione, impressionnèrent le public. On put aussi se divertir avec les clowns les plus drôles comme les Cavallini, le trio Manetti, Charley et Pastor, les Léonard, Rico et Alex, le trio Carpi, Carlo, Mariano et Comotti.

Après le décès de M. Bony, son épouse et Jeanne Laurent reprennent la direction. et  jusqu’au début de la deuxième guerre mondiale, Jeanne Laurent va composer des spectacles de grande qualité qui vont supporter la comparaison avec les cirques  parisiens. Ainsi, on va assister à un nouveau défilé d’artistes internationaux, comme les lilliputiens de Gnidley, les barristes Poppescu, la troupe South China, l’égnimatique Barbette, ou Con Colleano sur son fil ; de grandes entrées en piste par les clowns Dario-Bario, Pompoff et Theddy, Maïss et Béby, Manetti et Rhum, ou encore des comiques tels Germain Aéros ou Maria Valente ; les somptueuses cavaleries d’Henry Rancy, de Carré, de Franz Althoff ; et un des grands moments de l’histoire du cirque, la Paix dans la Jungle d’Alfred Court.

Après-guerre la direction sera confiée à Jacky Gaillard qui transformera cette salle en théâtre présentant des comédies comme en février 1946 "l’Heure du berger" d’Edouard Bourdet.

Et en 1972, les édiles municipaux vont voter la fermeture du cirque, pour des raisons liées à la sécurité, qui sera définitive en 1973 lorsqu'en plein mois d’août la bâtiment sera démoli.