Pour son ultime spectacle Bernard Kudlak (voir blo13/06/2015) le directeur du Cirque Plume a demandé à Charles Belle un ami peintre d’utiliser une de ses compositions comme décor naturel de “La Dernière Saison” (voir blog07/06/2017). La genèse de cette œuvre nommée "La toile vivante" mérite d’être contée, tant elle souligne la ligne créatrice de cet artiste inclassable.
L’histoire débute lors de l’hiver 2015, époque où le peintre veut réaliser une œuvre très personnelle et destinée à n’être jamais exposée. Pour cela, Charles Belle installe une grande toile de 3 x 8 mètres dans un endroit quasiment inaccessible au cœur de la forêt du Haut-Doubs, un lieu où les indiscrets randonneurs n’iront pas.
Pour réaliser cette œuvre, le peintre fabrique une sorte de pinceau avec une branche et un bloc de fusain avec lequel il commence à jeter sur la toile, tendue entre deux arbres, un dessin abstrait. Puis sur l’autre face, il va réaliser un second dessin, encore plus obscur, plus impénétrable. Belle enfin abandonne le tout pendant de long mois aux bons soins de la forêt. Au contact du temps et des conditions climatiques, le vent, la neige, la pluie et les branches, la griffent, la patinent, l’abîment, la transforment,.
A l’automne suivant, Charles Belle revient et découvre une toile envahie par la végétation. La nature semble reprendre ses droits sur cet intrus. Avec un bloc de fusain, il recouvre le premier dessin et retravaille le tout. Puis il abandonne de nouveau cette toile dans la forêt où elle est de nouveau malmenée par les éléments climatiques.
En 2017, un an plus tard accompagné de son ami Bernard Kudlak, Belle vient revoir l’œuvre où les lignes du premier dessin réapparaissent sous le noir, le fusain a coulé, les branches laissent des traces de griffures. Cette œuvre qui a été confiée 608 jours à la nature plait à Bernard Kudlak qui souhaite l’intégrer dans son spectacle en préparation et demande à l'utiliser en fond de spectcle.
"La toile vivante" tel est son nom est, aujourd'hui l'objet d'un film, d’un spectacle et d'un livre-mémoire. Une manière de conter, par les mots et la pellicule aussi, cette aventure pas comme les autres.
Charles Belle peintre de la singularité...