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Dominique Mauclair (voir blogs 21/01/2017 & 14/01/2014) dans ses nombreux livres sur les cirques du monde avait l’habitude de mentionner  que "le cirque Mongol  a une existence relativement récente, malgré l’enracinement profond de l’acrobatie dans ses traditions et son folklore…. Le peuple mongol, peuples de nomades est donc très habile dans l’art équestre, notamment la voltige".  De son côté Christian Hamel, dans un article consacré au cirque de Mongolie indiquait : "dans ce pays, où le cheval occupe une place prédominante, les présentations équestre avec des séquences de voltiges et de tir à l’arc étaient particulièrement développées". Un peu plus loin dans cette même chronique écrite en 2015 pour le festival  du cirque de Domont (voir blog05/10/2015), il poursuivait en mentionnant  "le cirque mongol ne se limite pas à la contorsion, il a des clowns, héritiers des traditions des conteurs satiriques qui mimaient leurs récits de façon comique… Le dressage est également une tradition avec les loups, les fauves".

Aussi soyons clair, il ne faut pas s’attendre à voir un tel spectacle si on se rend sous le chapiteau du Cirque Phénix, car comme le dit et le redit Alain Pacherie (voir blog17/04/2013) dans son édito du programme papier, depuis 2002 il a fait le choix d’un cirque sans animaux.  Aussi pas de voltiges équestres, pas de dresseurs avec la production Nomade, même si ce titre pouvait laisser penser, que nomadisme rime avec cheval. En revanche, on trouve au début de la seconde partie un défilé d’animaux, plus vrais que nature comme l’indique le programme, autrement dit des hommes attifés en bêtes. C’est fou cette tendance d’être opposé à l’emploi des animaux dans les spectacles, et de se sentir obliger de les faire figurer en grimant des adultes en chèvre, mouton, chameau, bison ou chevaux  pour les invoquer, montrant ainsi qu'ils sont indispensables voire essentiels dans le cirque. Autre exemple la production "War Horse" qui donne en ce moment à "La Seine Musicale" (voir blog10/04/2018). Ce spectacle utilise des marionnettes géantes pour simuler le cheval. Enfin ne soyons pas naïf, rappelons qu’un animal en tissu ou en carton est bien moins coûteux à entretenir qu’un vrai, de plus utiliser des leurres figurant des bêtes permet d'avoir la paix avec les animalistes, ces groupuscules financées largement par l'industrie alimentaire (voir blog30/06/2019). Alors pourquoi s'en priver!

Mais revenons au spectacle, objet de ce bloc-notes.

Si l’on fait abstraction de tout ce qui vient d’être dit,  Nomade est  un spectacle plaisant et familial, qui bénéficie de costumes somptueux alliant tradition et acrobatie. Soulignons aussi  la mise en scène ou plutôt la chorégraphie très créative et souvent originale. Je pense particulièrement au numéro Acroburlesque  qui devrait être visionné dans toutes les écoles de cirque de France et de Navarre tant le déroulé et les enchaînements sont novateurs et dont certains devraient être enseignés aux élèves. Autres moments créatifs et teintés d’humour les Jolies poupées et la Lutte mongole, numéros qui avec des "beaux" bouts de tissus et des idées, ont fait sourire et conquis les spectateurs.

Deux numéros sortent vraiment du lot, l’étonnant Homme fort qui renoue avec une tradition ancestrale et mongole et, celui qui termine la première partie, le tir à l’arc arc-bouté où 7 jeunes femmes contorsionnistes font mouche à tous les coups avec des flèches décochées avec grâce et dynamisme à l'aide de leurs pieds. Un vrai régal…

En revanche,  on  ne s’attendait pas à voir dans ce spectacle trois numéros réalisés par des artistes mongols talentueux. Celui de la roue Cyr, accessoire d’origine québécoise mis en valeur par les acrobates de la Belle Province. On sait bien que le cerceau se trouve dans toutes les civilisations, mais ici c’est, une roue Cyr et non un quelconque cerceau en bois que l’artiste  "Virevoltant Tourbillonnant" utilise. Autre interrogation l'artiste présentant "Force Grâce et Beauté" reprend le même "requisite" utilisé lors du 28ème Festival Mondial du Cirque de Demain en 2007 par le prodigieux Ukrainien Dina Shine. Est-ce aussi une tradition mongole ? Même question pour Double dutch, numéro de corde à sauter qui comme il est écrit le programme est "originaire du Bronx et créé dans les années 70". Ces numéros ont demandé beaucoup de travail et de talent pour les présenter, mais sont-ils vraiment le reflet du cirque traditionnel mongol ou ne sont-ils pas plutôt des numéros universels exécutés avec talent par des artistes d’un pays coincé entre la Russie, au nord et la Chine, au sud ?

Nomade, un spectacle accompagné de chants et de danses traditionnels, dans lequel on a l’occasion de voir, comment construire rapidement une yourte. On prend plaisir à applaudir ces 50 jeunes et sympathiques artistes, qui font preuve d'adresse, de force et d'équilibre, donnant  le meilleur d’eux même pour satisfaire le nombreux public qui remplit le Cirque Phénix dans une production mêlant avec bonheur tradition et modernisme.

Tag(s) : #Programmes
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