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Comme on le sait les années noires de l'Occupation n'empêchent pas la poursuite de la vie artistique, perçue pour certain comme un moyen d'évasion ou de résistance. Entre 1940 et 1944, à Paris et ailleurs, les chanteurs  continuent à chanter, les acteurs à jouer, les stripteaseuses à se déshabiller,  les cinéastes à filmer et les jongleurs à jongler.

Néanmoins pendant l’occupation allemande, les Nazis désirent avoir le total contrôle sur à peu près tout ce qui est artistique, cinéma, chanson, théâtre, cabaret, cirque etc….  C’est ainsi par exemple que les cirques d’Hiver et Médrano sont dirigés du moins pour un certain temps,  par des directeurs allemands, la  famille Busch (voir blogs04/10/10).  Et rares il faut le dire ont été les faits de résistance.

Notons toute de même l’attitude d’Amédée Ringenbach qui dirigeait le "Cirque des Alliés", nom qui à l’époque n’était pas innocent (voir blog03/09/13).

La situation des juifs circassiens pendant cette période a été comme on le sait dramatique. Au cours des deux siècles passés, des centaines de familles juives ont appartenu au monde de la piste. L’histoire du cirque est marquée en Allemagne par les Blumenfeld, en Hollande par les Strassburger connus pour leur célèbre cavalerie, en Suède par les Goldkett, au Danemark par les Bronett, en Hongrie les Konyot des cavaliers et acrobates émérites à l'origine du Cirque national hongrois, ou les Solomonsky en Russie, dont l'un des membres est en 1883 le premier directeur du Cirque de Moscou. Autant de familles juives liées à l’histoire du cirque européen, et que la Shoah ne va pas épargner et dont un grand nombre n’est pas revenu de l’enfer nazi...A ce jour peu de pages ont été consacrées à cette tragédie des étoiles juives de la piste. A ma connaissance le Blog de Véronique Chemla est un des rares à évoquer ce drame, il est passionnant et je vous conseille de le lire:

(http://www.veroniquechemla.info/2011/02/sous-le-chapiteau-des-pauwels-dagnes.html)

Ainsi Véronique Chemla relate "l’histoire des parents de Marquis Pauwels, qui à cette époque se produisaient au cirque d’Hiver à Paris. Le patron du Clown Bar, situé rue Amelot à proximité du cirque d'Hiver, les a cachés dans la cave du café pour leur éviter d’être raflés. Puis, les Pauwels se sont réfugiés dans une ferme en Corrèze sur les conseils d’une cafetière parisienne..."

Pour ma part, j’ai reçu un témoignage inédit, celui de Mariette Babusiau  -vous vous rappelez "taxi en folie de Francky Babusio"- sur les frères Amar. C’est fort intéressant, peu connu et nous donne un autre exemple de solidarité entre circassiens.

Ecoutons son témoignage. "Bien que j'aie lu nombre de publications concernant les frères Amar", indique-t-elle, "jamais je n'ai vu relater tout ce qu'ils ont fait pour sauver leurs artistes juifs. Un membre de ma famille a survécu à la guerre grâce à eux. Ils ont caché mon oncle Adolphe Strassburger pendant les années d'occupation. Ils avaient" poursuit-elle "également courageusement rédigé un certificat de travail par lequel ils s'engageaient à reprendre mon grand-père, le dresseur Hugo Strassburger, dès qu'il aurait été libéré du camp de concentration, libération qui n'a pas eu lieu. Les Amar étaient Arabes et les Strassburger des Juifs. Ils auraient mérité d'être considérés comme Justes."

Plus de 70 ans se sont écoulés depuis, et cette période nous reste encore bien méconnue.

 Y a-t’il eu ou non solidarité entre circassiens?

Cette pratique était-elle courante ?

Il est temps de bien connaitre aussi l'histoire des artistes juifs de la piste pendant la seconde guerre mondiale, car cela fait aussi partie de l’histoire de la piste !

Tag(s) : #histoire
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